samedi 30 juin 2012


       Dr Do Not


Cela faisait bien deux ans que j'allais voir
régulièrement le docteur à son cabinet
et je n'avais pas vu que sa boite à lettres
se trouvait au rez-de-chaussée sur rue
plus bas que l'entrée qui était à l'entresol
mais ce matin là ce n'est pas l'endroit
où elle se trouvait qui attira mon attention
mais l'inscription en plein milieu de la boite
car il manquait une lettre, tombée, perdue
volée peut-être par un quidam en manque
ce n'est rien une lettre, ça peut ne rien changer
à son mot, mais ça peut aussi tout changer
on pouvait lire distinctement : Dr DO NOT
et je me demande combien de patients
après avoir découvert l’identité du docteur
ont monté l'escalier avec l'ombre d'un doute
en faisant taire la petite voix qui leur soufflait
à l'oreille « you know, the doctor doesn't ! »

vendredi 29 juin 2012



Avec mon frère Guy
mon alguazil non familial
mon brinquin pas consanguin
on n’a pas le même filet rouge
qui court dans nos artères mais
à coup sûr c’est la même encre
sombre qui vient par capillarité
de nos bulbes rachidiens
vers nos stylos décharnés

Pour preuve, depuis longtemps
j’écris dans sa veine d’avant
et n’ayant rien reçu de récent
dans sa veine de maintenant
je persiste, saigne et perfuse
mais si peu, si faiblement que
mon algue à z’îles n’en saura rien
au moment de tremper sa plume
dans l’encre bleue du golfe du lion

jeudi 28 juin 2012

Dans notre édition du 8 septembre 2011, nous informions nos lecteurs du choix de l'hymne du Fermoir, à savoir Closing my eyes par Fleetwood Mac. Malgré un taux de participation de 100 %, le nombre d'inscrits (1) et de votants (1) posait un problème de légitimité, soulevé à l'époque par un membre du Bureau. Ce scrupule n'avait pas rencontré l'adhésion du Gratte-Papier, mais un fait nouveau est intervenu. Le pigiste a déposé auprès de la HAER une demande de rattachement au groupe des canidés. Il propose donc d'élire au rang de porte-voix du Fermoir la chanson des Who "Dogs part two", la face B de Pinball Wizard. Devant le bien-fondé de cette requête, le Gratte-Papier en Chef valide le changement d'hymne à compter du 28 juin 2012. Fait à Tarsul (21120), pour servir et valoir ce que de droit, signé : Sad Human Dog

mercredi 27 juin 2012























Clockwork Orange with a Blue Suitcase

mardi 26 juin 2012

                                                                                                             
           
           Droopy O.Goldman                                                         Caisse Nationale d’Assurance Maladie
           24, rue Tuli Kupferberg                                                     des Travailleurs Salariés
           21120 TARSUL                                                                  50, av. Prof. A. Lemierre                             
                                                                                                     75986 PARIS Cedex 20

                                                                                                                           
                                                                                                                         Tarsul, le 26 juin 2012



               Chère Caisse,                                                                                
 
           Je ne voulais pour rien au monde laisser passer cette occasion de t'écrire. 
           En effet, cela fait quarante ans aujourd'hui que tu t'occupes de mon cas et je tiens à te remercier
           personnellement pour ta sollicitude. 
           Depuis ce lundi 26 juin 1972, date de mon immatriculation en qualité de contractuel enquêteur
           auxiliaire à l’Équipement jusqu'à ce jour, je n'ai que des compliments à te faire. Tu as toujours
           répondu présente et c'est suffisamment rare pour être souligné. De mon coté, j'ai essayé de ne
           pas être trop souvent malade pour ne pas peser sur tes fragiles équilibres, mais aujourd'hui mon
           âge étant avancé, je risque de te mettre un peu plus à contribution.
           Sache, chère Caisse, que je suis conscient de la gêne qui est ton lot quotidien et que je ferai le
           maximum pour me soigner de manière raisonnée et économique. À ce propos, peux-tu me faire
           parvenir une liste des médecins bourguignons qui ont recueilli ton agrément ?

           Bravo encore pour ta longévité, qui n'a d'égale que ta légendaire patience avec tous tes assu-
           jettis. Bonne continuation à toi et à toutes tes sous-caisses.
           
           Bonnes vacances aussi si tu peux en prendre cette année.

           Ton dévoué,
                                      Droopy, human dog                                                                                                                




lundi 25 juin 2012

LA CASSEROLE ROUGE (3)

Le tableau était sobre et ambigu. Minimaliste dans le choix du sujet, mais pas dans la manière. Une nature morte est rarement révolutionnaire et celle-ci ne faisait pas exception à la règle. En revanche, le style très dépouillé trahissait une impatience, peut-être une exaspération. Les touches de rouge brique et de rose de la casserole portaient la marque d'un geste vif, pressé d'en finir avec cet objet sur le feu. Même sensation avec la teinte brune indéfinissable de la fonte, luisante d'une patine grasse que j'imaginais due au pinceau chargé de l'artiste. Autre bizarrerie, la contemplation de cette image domestique menait à deux impressions contradictoires. La première était rassurante, en rapport avec la cuisine à l'ancienne et la satisfaction gustative qui lui est associée, par un réflexe conditionné bien compréhensible. L'autre était interrogative, car la scène était passa- blement désincarnée, déshumanisée. Du métal, de la patine, un tuyau, une clé. Aucun signe de présence humaine. Seule la serviette donnait une touche plus familière, mais pas un verre sur un bord de table, pas un journal ou un pied de chaise pour s'approprier ce coin de cuisine. Rien que l'absence.

dimanche 24 juin 2012

POURQUOI F----                                                         AU----D'HUI



CE QUE



JE NE F---- PAS                                                                 DE---- ?
 Qu'il est loin mon dernier droopy day* !

* les droopy days : le 13.5.79 et le 24.6.80 ; ils n'ont qu'un inconvénient, on ne les vit qu'une fois chacun. Et encore. Ceux qui sont nés après le 3 avril 81 ont très peu de chances de les connaître. Et encore. Un natif du 4 avril 81 pourra peut-être - exceptionnellement - avoir vécu le 24 juin 80 intra-utérinement, à condition d'être né 15 jours après terme. Sinon, c'est râpé, il faudra qu'il attende l'âge de 98 ans et 38 jours pour connaître la joie du DD1 et 408 jours de plus pour le DD2. Bien sûr, dans un futur proche on pourra les vivre deux fois, mais qu'en sera-t-il de la qualité de cette occurrence, si l'on admet que la première fois ce sera en petite enfance et la deuxième en grande vieillesse ?

DD1 : le 13 mai 79 ; c'est le yin, le rêve. Tours, la campagne du Val de Loire, qui pourrait s'appeler le Val d'Allier, pour peu qu'au confluent à Nevers le débit de l'Allier soit supérieur à celui de la Loire
DD2 : le 24 juin 80 ; c'est le yang, le feu de l'action. Vingt jours plus tôt à Dijon, les dreadlocks de Bob Marley oscillaient au rythme de get up, stand up... stand up for your rights  ~)(~

samedi 23 juin 2012

UN                                                                                   INDIVIDU


CONNU



DÉFAVOR                                                                    ABLEMENT


DES



SERVICES                                                                   DE POLICE

vendredi 22 juin 2012

So I forced my hands in my pockets and felt with my thumbs
And gallantly handed her my very last piece of gum

jeudi 21 juin 2012

Beggar's banquet

mercredi 20 juin 2012

Le gardien du Louvre                                         dans Belphégor ?
Paul Crauchet ! Banco                                            je ne tente pas
le super banco                                                             je pars avec
les 3 euros 75                                                merci le jeu des 15 €

mardi 19 juin 2012

LES BONS PLANS (6)

LE SELF CON-TRÔLE

On a beau apprécier Audiard et adorer Brassens, leur approche des cons ne nous satisfait pas pour autant. Pour l'un « les cons osent tout, c'est à ça qu'on les reconnait », pour l'autre « le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con ». Cela ne nous éclaire pas assez sur les cons, et notamment sur les différentes sortes de cons. Certes, tonton Georges fait l'ébauche d'un inventaire - cons caducs, cons débutants, petit con de la dernière averse, vieux con des neiges d'antan - mais cela nous laisse sur notre faim. Première évidence qui va sans dire, mais encore mieux en la disant : on est tous le con de quelqu'un. Seconde évidence qui à mes yeux n'en est pas une : le but est de réduire le nombre des personnes pour qui l'on est un con. Je m'inscris en faux contre cette idée reçue. Le but n'est pas de réduire le nombre des personnes pour lesquelles vous êtes un con, vous n'y arriverez pas. La barrière de la connerie est presque toujours infran- chissable. Non, le but est de savoir à quelle famille de cons vous appartenez. Je, tu, il, nous appartenons tous à ce groupe universel. Celui qui veut s'y soustraire se soustrait du genre humain. Vouloir être, vouloir devenir un non con, est un combat d'arrière-garde, une peine perdue. Mais vouloir mieux se connaître, savoir quels sont les tenants et les aboutissants de notre vie de con, comprendre comment de jeune con mignon on a viré gros con fier de l'être, ou inversement par quel miraculeux concours de circonstances de gros con "pieds dans le plat" on a accédé au statut de con d'intello, voilà une noble quête.

lundi 18 juin 2012


HAPPY BIRTHDAY, PAUL !















Happy, c'est vite dit...
Faut les souffler les
soixante-dix bougies !

dimanche 17 juin 2012

MA MÈRE MONTE UNE MARCHE

<><><><><>

PRESSE LE PAS PETIT PÈRE

samedi 16 juin 2012


HAPPY BLOOMSDAY À VOUS, ADMIRATEURS DE JAMES JOYCE ! QUANT À NOUS, LES FIDÈLES DE SAMUEL, ON VA REMÂCHER NOS M*
* MURPHY, MOLLOY, MALONE, MAHOOD, L'INNOMMABLE

vendredi 15 juin 2012


   
           Droopy O. Goldman
           24, rue Tuli Kupferberg
                   21120 TARSUL                                                                                                                                                                                                                                                             Tarsul, le 15 juin 2012                                                                                                                       
                                                                                                                 
           objet : votre annonce du 11 juin


           Monsieur le Directeur,
 
           Votre annonce parue dans "Le Majordome" proposant un poste de DEC (Dingo Émissaire Coursier)
           a retenu mon attention. Vous insistez sur le caractère taciturne associé à un physique passe-partout
           du candidat que vous appelez de vos vœux. Sauf erreur de ma part, votre futur collaborateur doit
           être mis à la disposition de certains de vos clients parmi les plus exigeants. Doté d'une indolence
           hors norme afin d'offrir un exutoire aux penchants soupe-au-lait de vos protégés, il doit présenter
           une personnalité très malléable et un profil confirmé dans la paresse et la cupidité, afin d'incarner
           un repoussoir aux yeux de vos malades et de les conforter dans leurs tendances maniaco-punitives.
           Une simple entrevue avec votre serviteur vous convaincront que je suis l'homme de la situation. 
           Vous exigez bien sûr des documents attestant d'un professionnalisme proche de zéro et sur ce point
           vous ne serez pas déçu. Depuis mon premier emploi en 1987 à l'âge de 36 ans, je n'ai jamais
           conservé un emploi plus de 15 jours, à l'exception d'un job d'écorneur de pages en 1996.
           À l'appui de ma candidature, je peux produire l'intégralité de mes 105 lettres de licenciement,
           dont 94 pour les meilleurs motifs (arrivée après 11h, abandon de poste, note de frais virtuelles,
           vol de fournitures, usage inapproprié de bien social, diffamation sur la base de faux témoignages,
           recherche de l'effort nul, violation de clause de confidentialité, indélicatesses multiples, etc.)

           Dans l'attente de vous rencontrer pour vous faire découvrir la rareté de mon incompétence,
           Monsieur le Directeur, le tire-au-flunch* vous salue bien.

           *mon surnom dans la restauration rapide
                                                                                                                 Droopy O. Goldman,
                                                                                                                 indolent magnifique 


     
                                                                                                         
    

jeudi 14 juin 2012

Cancérigène ou cancérogène ? Le dictionnaire ne tranche pas. On peut dire les deux. Pourtant, un O à la place d'un I n'est pas sans consé- quences. Le Mausolée de Lennon sur la Place Rouge. L'assassinat de Lénine devant le Dakota Building. Ça change un peu la donne, isn't it ?

mercredi 13 juin 2012

En un peu plus d'un an, ma chienne est morte, ma chatte s'est fait la belle et ma demande de rattachement à la famille des canidés a été rejetée. Dois-je faire appel de cette décision ? Me tourner vers les félidés ? Me mettre à la recherche d'un nouvel animal ? Attendre 2014 et les prochaines élections municipales pour porter le MDAD - Mouvement des Désappointés et des Animaux Domestiques - sur les fonds baptismaux ? Reprendre place dans la file d'attente des grands magasins du dispensable, au rayon derniers arrivages ?

mardi 12 juin 2012


Discrimination Canine

lundi 11 juin 2012

























  Selling Knightsbridge by the pound

dimanche 10 juin 2012

RIEN NE SERT DE COURIR

Que faites-vous de vos jours ?
 rien
Et la nuit ?
 rien
Vous ne rêvez pas ?
 je ne sais pas
Qu'est-ce qui vous fait plaisir ?
 rien
Qu'est-ce qui vous révolte ?
 presque rien
Ah vous voyez bien qu'il y a quelque chose
 je n'ai rien dit
Vous croyez bien à quelque chose ?
 non, à rien
Et l'avenir, le futur proche ?
 rien à espérer
Alors le présent ?
 c'est déjà passé
Le passé alors ?
 rien à retenir
Merci de nous avoir reçu
 de rien

IL FAUT PARTIR DE RIEN

samedi 9 juin 2012

LES ÉLECTIONS SUBJECTIVES

Dans mon rêve, les élections ne répondaient pas aux procédures habituelles. Il y avait d'abord un premier tour subjectif, comparable aux figures libres en patinage artistique. Les programmes étaient présentés exclusivement dans la rue et les espaces publics. Aucune publicité n'était faite dans la presse écrite ou audio-visuelle. Pas de leaders non plus, les manifestes étaient portés à la connaissance des électeurs sous forme de planches graphiques géantes, d'immenses panneaux peints à la manière des nymphéas de Monet. Dans chaque commune, de la plus grande cité au plus petit village, un certain nombre de lieux étaient réservés à cet effet. De loin, ça ressemblait à des affiches de cinéma, avec très peu de texte, ou plus exactement avec un texte écrit très petit par rapport à l'image. Des débats étaient organisés sous des chapiteaux en plein air. C'est Pauline Dévi, la présentatrice d'Histoires Courtes, qui animait celui qui se tenait près de chez moi. Par contre, le deuxième tour était beaucoup moins festif, une simple note que chacun attribuait chez lui, avec son ordinateur. A NOTÉ !

vendredi 8 juin 2012

LA CASSEROLE ROUGE (2)

Au mur de la chambre qu'occupait ma mère à la fin des années 30, était accroché un petit tableau format F5 - 35 x 27 cm - sans cadre. Il représentait un fourneau de cuisine avec une casserole en cuivre posée dessus. En haut de l'image, on voyait la base du tuyau de cheminée avec le clapet de réglage du tirage, grossièrement brossé en trois ou quatre coups de pinceau. En bas à gauche, un torchon blanc était posé sur la barre métallique qui entourait les fourneaux de cette époque, une sorte de main courante qui évitait le plus gros des accidents domestiques. Mais la magie du tableau résidait dans les reflets sombres sur la fonte, rehaussant l'éclat de la casserole en cuivre. Quand je passais quelques jours seul chez mes grands-parents, c'est dans cette chambre que je dormais et que je dessinais. La table de la salle à manger devant rester brillante et vierge de toute trace de crayon ou dérapage de pointe, je m'installais donc sur la table de la chambre pour mes exercices graphiques. Devant moi, la fenêtre sur rue, avec sa grille à l'espa- gnole. Derrière, de part et d'autre du renfoncement où se trouvait le lit, les placards d'angle de trois mètres de haut et de soixante centimètres de large, avec leurs portes concaves. À gauche, la casserole rouge.

jeudi 7 juin 2012

LES BONS PLANS (5)

Vous arrivez à un âge pas encore si avancé que ça, mais quand même mûr. Vous avez certaines craintes, légitimes au vu de ce que l'expérience vous a appris. Mettre un soupçon de provocation dans l'affirmation de vos opinions ou les défendre avec obstination, souvent au prix d'une petite dose de mauvaise foi, sont des points sur lesquels vous ne pensez pas pouvoir vous amender, mais il en est un autre que vous redoutez par dessus tout. En aucune façon, vous ne voulez donner le spectacle d'un homme qui assomme son auditoire avec le récit de ses sempiternels faits d'armes, connus de chacun pour les avoir entendus cent fois. Le bon plan consiste donc à ne faire que des choses banales, à la portée de n'importe qui, à ne jamais vous impliquer dans les domaines de l'utile, du remarquable, à plus forte raison dans l'innovation. Évitez également les coups tordus, les initiatives borderline et petites malhonnêtetés dont vous seriez tenté tôt ou tard de vous enorgueillir. Cantonnez-vous dans le peu spectaculaire, le pétard mouillé, le négligeable. Cela vous évitera sur vos vieux jours de bassiner ce qu'il vous restera d'amis et de proches et d'associer le souvenir que vous leur laisserez à celui d'un casse-bonbon.

mercredi 6 juin 2012

Ce 6 juin 2012 vers 12h10, Bernard-Henri Lévy a eu une révélation, celle que Daniel Morin a du talent. Tout n'est pas si sombre. La France qui pense rencontre la France qui rit.

Ladies and gentlemen, Eastcheap London

mardi 5 juin 2012









Plastic bags can be dangerous
THIS IS                                                                                   A NO




PIC




TURE                                                                                    ZONE

PLEASE, DON'T LOOK PLEASE, DON'T LOOK PLEASE, DON'T LOOK PLEASE, DON'T LOOK PLEASE, DON'T LOOK PLEASE, DON'T LOOK PLEASE, DON'T LOOK PLEASE, DON'T LOOK PLEASE, DON'T LOOK 

lundi 4 juin 2012

MAURICE GARREL                                                   HAS NEVER
 







BEEN CALLED                                                        AN ASSHOLE

dimanche 3 juin 2012

- à quoi tu penses ?
> search and destroy
- putain de chanson des Stooges !
> pas la chanson, la devise
- quelle devise ?
> celle des Marines au Vietnam
- la guitare de James Williamson
> le vacarme des armes
- la langue fourchue d'Iggy
> l'air transformé en poudre
- « I'm a street walking cheetah »
> la poussière éternelle
- « with a heart full of napalm »
> from genesis
- de la génèse
> to revelation
- à l'Apocalypse

samedi 2 juin 2012








J'CROIS QU'C'EST CLAIR !

vendredi 1 juin 2012

LA CASSEROLE ROUGE (1)

Jusqu'à l'âge de douze ans, je passais beaucoup de temps chez mes grands-parents. L'appartement qu'ils occupaient dans cette rue sombre du centre ville avait tout d'un appartement témoin. Témoin d'une indécision, d'une instabilité. Toutes les pièces avaient une singularité. Le couloir avec son mur droit qui finissait en arc de cercle convexe pour épouser la courbe de la cage d'escalier de l'immeuble, la cuisine et son pilier métallique, la chambre froide, le cagibi, les deux doubles portes entre la salle à manger et les chambres, les placards en quart de cercle concave, rien n'était commun, rien ne se conformait à un ordre établi. Malgré tout, l'harmonie du lieu n'était pas remise en cause. La décoration était à l'avenant. Deux paysages dans le style de Corot, deux gravures de batailles napoléoniennes, deux bouteilles d’absinthe provenant de l'incendie des usines Pernod, ramollies par le feu comme les montres par la paranoïa de Dali. Il y avait aussi le bronze d'Apollon sur la sellette avec une plante verte et puis au mur, la casserole rouge. La silhouette d'éphèbe d'Apollon règne aujourd'hui sur ma cheminée, parfait antidote à son contemporain, le portrait de Dorian Gray. Quant à la casserole, c'est une autre histoire.