dimanche 31 juillet 2011


Hitch-Hike and Ham


Comment cela habana commencé
avec mon amigo, c’est une autre histoire
mais par la suite, nous habanions projeté
un périple de neuf cents hectomètres
vers la ville la plus digne de nos pas
pas de quoi en faire un fromage

Après avoir levé sur le bord de la route
son pouce qu’il avait court, minuscule hampe
d’un drapeau sur lequel flottait
l’ombre à défaut de la proie
une voiture s’arrêta et nous prit
puis nous planta en rase campagne

Puis une moto stoppa et nous héla
holà ! trois sur deux roues, ça ira ?
ça ira même jusqu’au delà
de la pancarte indiquant
l’allée Alphonse Allais
pas le temps de vous expliquer
terminus à La Guingette
avec deux pains au jambon
sur la terrasse licence IV

Ce "ham with bread" précipita la chute
car il était bon comme une faim en soi
après cela, s’asseoir au bord de la rivière
ne suffisait pas à étancher notre vue à sec
le vieux monde coulait là
en tortillant du flux
en amont rien à espérer
en aval un bois fuyait la source
vers sa mer, sans demander son reste

samedi 30 juillet 2011

African drum… tambour africain
sur tapis américain, sans étoiles

Tête sale au réveil, toute mâchurée
des goinfreries de hures confites de la nuit
et dans les veines du sang de navet
cependant il faut bien passer le matin
pour atteindre le soir, sans espoir
d’inverser la tendance, lourde

Plus tard, à l’heure de rentrer
chacun chez son quant-à-soi
je hèle cet enfant qui court
en haletant… « tu as le temps ! »

Mais aucun son ne sort, l’air ne vibre pas
je crois que je suis muet… I think I’m dumb

vendredi 29 juillet 2011



MÉMORABLES


Souviens-toi : de ta mère et de ton père, et de ton premier mensonge, dont l'indiscrète odeur rampe dans ta mémoire.

Souviens-toi de ta première insulte à ceux qui te firent : la graine de l'orgueil était semée, la cassure luisait, rompant la nuit une.

Souviens-toi des soirs de terreur où la pensée du néant te griffait au ventre, et revenait toujours te le ronger, comme un vautour ; et souviens-toi des matins de soleil dans la chambre.

Souviens-toi de la nuit de délivrance, où, ton corps dénoué tombant comme une voile, tu respiras un peu de l'air incorruptible ; et souviens-toi des animaux gluants qui t'ont repris.

Souviens-toi des magies, des poisons et des rêves tenaces ; - tu voulais voir, tu bouchais tes deux yeux pour voir, sans savoir ouvrir l'autre.

Souviens-toi de tes complices et de vos tromperies, et de ce grand désir de sortir de la cage.
Souviens-toi du jour où tu crevas la toile et fus pris vivant, fixé sur place dans le vacarme de vacarmes des roues de roues tournant sans tourner, toi dedans, happé toujours par le même moment immobile, répété, répété, et le temps ne faisait qu'un tour, tout tournait en trois sens innombrables, le temps se bouclait à rebours, - et les yeux de chair ne voyaient qu'un rêve, il n'existait que le silence dévorant, les mots étaient des peaux séchées, et le bruit, le oui, le bruit, le non, le hurlement visible et noir de la machine te niait, - le cri silencieux « je suis » que l'os entend, dont la pierre meurt, dont croit mourir ce qui ne fut jamais, - et tu ne renaissais à chaque instant que pour être nié par le grand cercle sans bornes, tout pur, tout centre, pur sauf toi.

Et souviens-toi des jours qui suivirent, quand tu marchais comme un cadavre ensorcelé, avec la certitude d'être mangé par l'infini, d'être annulé par le seul existant Absurde.

Et surtout souviens-toi du jour où tu voulus tout jeter, n'importe comment, - mais un gardien veillait dans ta nuit, il veillait quand tu rêvais, il te fit toucher ta chair, il te fit souvenir des tiens, il te fit ramasser tes loques, - souviens-toi de ton gardien.

Souviens-toi du beau mirage des concepts, et des mots émouvants, palais de miroirs bâti dans une cave ; et souviens-toi de l'homme qui vint, qui cassa tout, qui te prit de sa rude main, te tira de tes rêves, et te fit asseoir dans les épines du plein jour ; et souviens-toi que tu ne sais te souvenir.

Souviens-toi que tout se paie, souviens-toi de ton bonheur, mais quand fut écrasé ton cœur, il était trop tard pour payer d'avance.
Souviens-toi de l'ami qui tendait sa raison pour recueillir tes larmes, jaillies de la source gelée que violait le soleil du printemps.

Souviens-toi que l'amour triompha quand elle et toi vous sûtes vous soumettre à son feu jaloux, priant de mourir dans la même flamme.

Mais souviens-toi qu'amour n'est de personne, qu'en ton cœur de chair n'est personne, que le soleil n'est à personne, rougis en regardant le bourbier de ton cœur.

Souviens-toi des matins où la grâce était comme un bâton brandi, qui te menait, soumis, par tes journées, - heureux le bétail sous le joug !

Et souviens-toi que ta pauvre mémoire entre ses doigts gourds laissa filer le poisson d'or.

Souviens-toi de ceux qui te disent : souviens-toi, - souviens-toi de la voix qui te disait : ne tombe pas, - et souviens-toi du plaisir douteux de la chute.

Souviens-toi, pauvre mémoire mienne, des deux faces de la médaille, - et de son métal unique.


René Daumal - 1942

jeudi 28 juillet 2011

 
Écureuil somnambule relisant les avis de décès dans le journal du soir
 Sleepwalker squirrel reading again the announcements of death in the evening papers 

mercredi 27 juillet 2011

 demi-cœurs enclumes survolés par des faux 

mardi 26 juillet 2011

Les zones de sensibilité picturale immatérielle d'Yves Klein le Monochrome sont cédées contre un certain poids d'or fin. Il existe sept séries numérotées de zones picturales immatérielles qui comprennent chacune dix zones aussi numérotées. Il est délivré pour chaque zone cédée un reçu qui indique le poids d'or fin, valeur matérielle de l'immatériel acquis.

Les zones sont transférables par leurs propriétaires (voir règle établie sur chaque reçu).

Tout acquéreur éventuel d'une zone de sensibilité picturale immatérielle doit savoir que le simple fait qu'il accepte un reçu pour le prix qu'il l'a payée lui ôte toute l'authentique valeur immatérielle de l'œuvre, bien qu'il en soit cependant le possesseur.

Pour que la valeur fondamentale immatérielle de la zone lui appartienne définitivement et fasse corps avec lui, il doit brûler solennellement son reçu, cela après que son nom, prénom, adresse et date de l'achat aient été inscrits sur le talon du carnet à souche des reçus.

Dans le cas où il désire accomplir cet acte d'intégration à lui-même de l'œuvre, Yves Klein le Monochrome doit, en présence d'un Directeur de Musée d'Art, ou d'un Marchand d'Art connu, ou d'un Critique d'Art, plus deux témoins, jeter la moitié du poids de l'or reçu à la mer, dans une rivière, ou dans un endroit quelconque dans la nature, où cet or ne puisse plus être récupéré par personne.

Dès ce moment, la zone de sensibilité picturale immatérielle appartient de manière absolue et intrinsèque à l'acquéreur. Les zones ainsi cédées, après que l'acquéreur ait brûlé son reçu, ne sont plus transférables par leurs propriétaires.



lundi 25 juillet 2011


Andréa c'est toi ?


Où ça ?


Là !


Mais où ça là ??


Lààà, tu vois pas ?!?

dimanche 24 juillet 2011


Le Fermoir est à nouveau sur ses gonds

vendredi 22 juillet 2011

Bonjour cher lecteur ; aujourd'hui le Fermoir est fermé
> Juste retour des choses
Nous vous disons à demain
> Pourquoi nous ? Je croyais à un Fermoir à une seule tête ( pour ne pas avoir à l'aligner )
C'est le cas, mais pas quand je suis au lit avec la grippe de juillet
> Comment ça ?
Parce qu'il y a dédoublement de la personne alitée

jeudi 21 juillet 2011

                                                                                                               © Chaval

mercredi 20 juillet 2011

Six heures... entre mes mains, un énorme avion blanc... enfin, c'était un avion blanc, il y a cinq minutes encore au départ de Roissy Charles De Gaulle... là, il doit être un peu moins blanc, car ça sent vachement le roussi, le brûl... hey... mais y'a plus personne dans  le cockpit... je suis seul... et personne dans l'appareil non plus ?... ils se sont quand même pas volatilisés... je sens au bruit des aérofreins que mon aile est en feu... saloperies de rétro-crécelles de merde, les protections en kevlar n'ont pas tenu...  je l'avais dit au back groom service, c'est l'épaisseur qui est trop faible... je m'en fous, je veux pas me crasher... pas plus à Garges-lès-Gonesse qu'à Biffins-les-Baloches... plutôt exploser en plein vol... sinon, je tente une grande boucle et je me pose sur l'escape lane, à contre-sens... la tour de contrôle fera le nécessaire... oui mais si j'ai pas de passagers, qu'est-ce qui justifie ?... un secret de foolish e-mail ?... j'ai pas le temps de m'appesantir la-dessus, mais sur le manche oui... peser de tout mon poids, du poids de toutes les pseudo-humanités, de tous les quémandeurs naïfs, de tous les pratiquants à géométrie variable... la dérive ne bouge pas, ni vers la droite, ni vers le haut... hello hell control... Mighty Tom to Hell Control, can you hear me ?... I'm deaf, dumb and blind... and I'm The Pinball Wizzzzzaaard...

mardi 19 juillet 2011

En août 1966, James Douglas Morrison est arrêté pour incitation à l'amour entre les races et passe quelques jours à la prison de Chatter Skull, Oregon. Pendant la promenade, le matricule 137149 s'amuse à se faire tirer le portrait par un maton doorsophile. ~)(~










 Jim Morrison, Prince of Squirrels 

lundi 18 juillet 2011

La scène se passe dans un bar. Il fait jour, dehors on peut voir la rue d’un village. Paysage champêtre de vallées et de montagnes. Les couleurs sont vertes et grises. Non. Ni vertes, ni grises. Gris-vert. La Suisse ? L'Autriche ?? Des musiciens répètent sur une mezzanine au fond de la salle. Ils sont trois. Il y a Peter Green, Jeremy Spencer et un grand blond aux cheveux courts, visiblement un homme du nord. Chacun a un instrument, enfin c’est ce qu’on pourrait penser à première vue, car chacun émet des sons. En réalité, la musique autour de Peter ne provient pas d’un instrument. Il a les mains vides, et pourtant il joue puisque des harmonies émanent de lui. Jeremy, lui, est parfaitement conforme. On dirait Jack White qui aurait rétréci au lavage. L’œil est pétillant, le système pileux et capillaire abondant, la taille minuscule aussi bien en hauteur qu’en tour de hanches, bref c'est un elfe sorti d'un rêve d'adolescent. Il a sa petite Fender noire et blanche, dont il joue bizarrement. À la fois vers le chevalet et entre les cordes, là où sont les micros. D'entre les cordes dépasse une petite antenne, pas plus longue qu’un double décimètre. Jeremy triture le chevalet et l’antenne à la façon d’un vibrato pour produire un son saturé, une sorte de boucle musicale à la Terry Riley. Le grand blond est un virtuose. Sa guitare est bizarre. Si on peut appeler ça une guitare. À l'extrémité du manche, le chevillier est monté sur un axe qui permet la rotation des six chevilles à la manière d'un Rubik's cube. Il les fait tourner d'une main, tout en jouant les cordes de l'autre, ce qui a pour effet de modifier instantanément le son, du classique au flamenco, en passant par le jazz ou le rock. C'est ahurissant de complexité. Je jette un regard vers Peter. Un petit sourire lui donne un air mystique. Je ne reconnais pas l'homme que j'ai vu sur les photos. Il est plus petit que je ne l’imaginais, imberbe, les cheveux mi-longs, sans volume. Un filet de voix sort de ma bouche... Peter, will you make some dates in France ?... Il n’a sûrement pas entendu, ou alors il n'a rien compris. Je rassemble mes esprits pour lui répéter la question, quand une petite voix cristalline s’élève au milieu des notes éparses. Not in France, but in the south of Germany... My God, je rêve ! Peter Green m’a parlé ! (...) Un peu plus tard, dans un jardin public avec des petits bassins et des rocailles. Le concert a commencé. Aucun morceau n'est chanté. Ce sont uniquement des instrumentaux. Il y a très peu de monde alentour. Juste quelques promeneurs qui s’attardent un instant, des femmes avec leurs enfants. Le concert s’étire en de longues improvisations. Rien d'identifiable là-dedans. J’attends la fin pour faire une demande qui me brûle la langue. Je prépare soigneusement ma phrase... Peter, would you please sing a little one from... non c’est trop froid... pas assez chaleureux... Peter, if you please, dig a bri... ¤¤??-¤--§---\°/-$-->!< ... une petite voix s'élève. C’est Jeremy qui pousse la chansonnette, très haut dans les aigus, à la Speedy Gonzalez... "Hey Johnny, what colour are her eyes ?"... et Peter d'enchaîner "I don’t know, she’s always wearing shades !"... et c'est parti pour un great big kiss d'enfer !!

dimanche 17 juillet 2011

LE MÉDECIN

Pierre Sigon en avait gros sur la patate et prit rendez-vous par téléphone avec le docteur Gonsa (spécialiste). Le médecin l'examina attentivement et reconnut qu'il en avait beaucoup trop gros sur la patate.
Il dit qu'on pourrait d'abord essayer un traitement médical électrique, mais qu'il craignait que cela ne donne rien et qu'alors il faudrait opérer. Pierre Sigon fit aussitôt la gueule et le docteur Gonsa s'en apercevant lui dit qu'avant de recourir au couteau on pourrait essayer une cure à Sagon-de-Gona, dans la région de Gonet, qui donnait parfois de bons résultats dans ce genre d'affection, mais il ajouta qu'il craignait pour lui le climat terrible de cette station qui risquait de le tuer, alors qu'à la rigueur on pouvait vivre en en ayant gros sur la patate.

LES GROS CHIENS, textes de Chaval - achevé d'imprimé le 20 février 1967 sur les presses de l'imprimerie Color à Montreuil pour le compte de Jean-Jacques Pauvert éditeur.

samedi 16 juillet 2011

Nous sommes dans une classe qui étudie un procédé appelé "la rose atmosphérique". Les locaux sont anciens, situés dans une sombre friche industrielle. Le travail se fait par équipes de deux. Je suis avec un homme jeune, petit, les cheveux blonds attachés en catogan. Le professeur nous explique ce phénomène révolutionnaire, "la rose atmo", qui permet d'analyser des objets et d'en extraire l'atmosphère, les vibrations enregistrées lors d'une réunion ou d'une rencontre entre personnes. Cela peut être un tableau, un vase, n'importe quel objet situé dans la pièce. Tout ça est très technique. Il faut faire un spectrogramme, suivi d'une interprétation subjective des paramètres. La bonne humeur règne. Le professeur nous rappelle que nous sommes sous la responsabilité de nos tuteurs. Par tuteur, il entend le petit blond au catogan qui me guide dans les locaux. Par bonheur,  celui-ci n'a ni lunettes fumées, ni mitaines et s'exprime sans le moindre accent allemand. Tant mieux, ça nous permet de faire bon ménage. Il me guide dans un dédale de couloirs et de salles vides. Je le suis comme un petit chien, jusqu'au moment où je me retrouve seul, tandis qu'une sonnerie retentit (...) Plus tard, dans un chantier de démolition. Je dois mesurer une distance à travers un immense bâtiment encombré de mobilier fracassé et de gravats divers. J'ai une chaine d'arpenteur et des petits élastiques pour faire la marque tous les 50m. Quelqu'un est là. C'est J.B. Il est habillé comme Hamid Karzaï, avec la même toque d'astrakan. Il m'interpelle en riant... alors, ça va comme tu veux ? Puis il me fait entrer dans des bureaux de grand luxe avec meubles cirés et tapis anciens. Une secrétaire me tend une feuille de présence à signer. JB me fait un clin d’œil... t'as vu si on a des taons chez British Linoleum ? Nous descendons dans la rue. Je reconnais la zone industrielle d'Aulnay. Un petit attroupement s'est formé sur le giratoire voisin. Plusieurs personnes scandent "ABA-TTONS L'AULNE SO-CIA-LO"... Quelqu'un me prend à parti en désignant JB... c'est lui, l'autre socialo ??

vendredi 15 juillet 2011

jeudi 14 juillet 2011

Il remisait les p..... à la cave
P... en avoir le p... longtemps p.......
Il avait été officier de p..... judiciaire
Un p...... choix qui s'était imposé à lui
Et à ses heures p......, il était artiste p......
P..... que l'on p... être et avoir été
Entre faire une requête au p......
Ou p...... un p...... des Vosges
Longtemps, il n'a p.. choisi

Avait-il sa p..... idée de l'enfer et du p...... ?
De quoi avait-il p... en dernier lieu ?
Sans doute de la p... elle-même
P..... de sentiment commun à tant
Mais que p....... ne veut p.......
C'est comme ça qu'on reste p..... là
P..... comme un p....
With a p..... full of shells
Des coquillages p.... les p.....

mercredi 13 juillet 2011


© Ian-Patrick

Mourir+Pour+Des+Id+es/396Eii?src=5

mardi 12 juillet 2011

Dans l'arrière-boutique de l'officine
La personne qui travaille avec moi
Me demande pourquoi je le traite de "kayreuth"
Qu'est-ce que ça veut dire ? mi-figue mi-raisinne-t-il
C'est de l'allemand, ça veut dire barge, loufdingue
Ah bon, et ça ? ( je tiens une scie à la main)
Ça ? C'est une machine à doubler la clientèle

lundi 11 juillet 2011


Janvier 1970. Dans le building du rock anglais, la peinture s'écaille par endroits.

CBS Studios, New Bond Street, London. Stan Webb en remet une couche.



http://www.deezer.com/fr/#/ 
music/playlist/62336175

dimanche 10 juillet 2011


Je suis avec Natch sur une terrasse. C'est le matin, il fait beau. La terrasse est entourée d'un mur bas. Jusqu'à l'horizon, des monts boisés. Aucune construction, rien que la forêt de résineux, à perte de vue. Nous sommes au pied du mur, regardant nos pieds. Je lui donne une de mes sandales pour qu'il l'essaye. Ce faisant, il perd l'équilibre et tombe par-dessus le mur. Tremblant comme une feuille, j'assiste à la chute, d'une hauteur qui me semble vertigineuse. En contrebas, la forêt est insondable. Je vois un bosquet qui prend feu à l'endroit où il est tombé. J'appelle pour chercher de l'aide, mais je ne croise que des femmes qui ne m'entendent pas. Pas un homme dans ce lieu qui ressemble à un château en Bavière. Je trouve enfin sa femme. Elle est avec ses filles. Je lui dis ce qui s'est passé. Je pleure à chaudes larmes. Elle me dit de ne pas m'inquiéter, qu'il est sûrement en  vie. "Il est solide, il s'en sortira". Peut-être, mais dans quel état ? Peu après, un ambulancier ramène N. sur un brancard, entièrement couvert de bandelettes, sauf la tête qui est intacte. Il se lève et nous raconte sa chute, comment les plus gros obstacles, rochers, arbres, l'ont épargné. Il a l'air en pleine forme, je n'en crois pas mes yeux. Sa femme ne manifeste ni étonnement, ni émotion particulière. Elle me regarde en coin, avec un petit sourire complice du genre "tu vois, j'avais raison, il est solide". Ses filles passent et repassent entre nous comme si de rien n'était. Devant mon incrédulité proche de celle d'un mauvais chrétien, N. défait les bandelettes pour donner du crédit à son récit. Le corps nu et filiforme est intact, pâle comme l'ivoire. C'est une image du Christ inversée, un négatif de la foi. La tête et l'extrémité des membres sont vierges de toute trace, exempts de la moindre blessure. Par contre, plusieurs parties du corps sont suturées de points en forme de x, formant des petits groupes de points de croix noirs, plus ou moins serrés. Deux ou trois x pour une petite blessure, une concentration de x pour les parties les plus touchées. Je suis abasourdi, car N. décrit tout cela sur le ton d'un professeur d'anatomie devant ses élèves. Sont marqués, les cuisses, le thorax, les épaules et le haut des bras, le cou. Je m'aperçois que j'ai quelques pin's piqués dans le gras de la cuisse, comme des tiques sur un chien. Ils ont la forme de minuscules palettes de peintre, sans le trou pour le pouce. La surface colorée est émaillée, brillante comme un bonbon. N. les retire de ma jambe comme si c'étaient des ventouses sur un hérétique. "C'est la musique qui fait ça", me rassure-t-il. Je remarque un disque posé sur le brancard vide. La pochette est austère, en papier kraft, avec juste les titres des morceaux écrits en petits caractères. Sur certains titres, des petites croix en x, sur d'autres non.

samedi 9 juillet 2011

Strawberry  Flowers



For  Today

vendredi 8 juillet 2011

minuit... allongé pour le compte ou pour le sommeil... ou pour les deux... sans bruit, ni lumière, ni objet... dans la conscience repliée derrière les paupières closes, est une boite dépliée... pour s'endormir, il faut la reconsidérer... puis la refermer... mais il faut qu'elle contienne quelque chose, un fragment du réel ou de l'imaginaire, une idée, un concept... mais il n'y a rien... une absence de matière, un vide qui se creuse et accroit la pression... la pression fermente... fermenter la pression ?
le concierge


n'est pas
dans l'escalier


??

jeudi 7 juillet 2011



Les Fugs étaient un monstre à trois têtes
Ed Sanders, Tuli Kupferberg, Ken Weaver




En 1968/69, ils écrasèrent le paysage
il en reste quelques empreintes



Dans l'asphalte de New York
Et dans le vinyle de Reprise Records


http://www.deezer.com/fr/music/playlist/62254154

The garden is open by Tuli Kupferberg from "Tenderness Junction" - Reprise 6280 (1968)
Life is strange by Tuli Kupferberg from "It Crawled Into My Hand, Honest" - Reprise 6305 (1968)
Four minutes to twelwe by Ken Weaver from "The Belle Of Avenue A" - Reprise 6359 (1969)
Queen of the nile by Ed Sanders from "The Belle Of Avenue A" - Reprise 6359 (1969)

mercredi 6 juillet 2011

Remettons les éléments en perspective. John a atteint ses 40 ans. De justesse, mais il les a touchés. George s'est éteint avant de souffler ses 60 bougies. Il s'en est fallu de peu, six mois seulement si on inclut sa vie intra-utérine. À ce jour, Paul et Ringo sont toujours sur la brèche, à des degrés différents.

 London Airport, July 8, 1966                                                                 photo © Europix

En nous laissant porter par cet algorithme, émettons une hypothèse, celle que les deux fêteront leur quatre-vingtième anniversaire. En corollaire, avançons qu'un seul voguera vers le récif chimérique des cent ans. J'ai le pressentiment que Ringo lâchera la rampe le premier, vers 2025. Un jour particulier au pied du Liver Building, with a little help from his friends. Paul serait donc le dernier à passer de l'autre coté du miroir. Dans quelles circonstances ? Je ne sais pas. La mort de Paul est un cap que je ne veux pas franchir. ~)(~

mardi 5 juillet 2011


     Q
        L
           Q
              A
                 O
                    S
                                          Qui
                                             Le
                                                Que
                                                   À l'
                                                      Où
                                                         Sou


                                                                            Qui es-tu ?
                                                                               Le rescapé d’une armée de
                                                                                  spermatozoïdes morts-nés
                                                                                     Que fais-tu ?
                                                                                        À l’indicible, nul n’est tenu
                                                                                           Où vas-tu ?
                                                                                              Sous le pont mikado, 
                                                                                                 cool est le zen


MOI AUSSI JE ME SUIS DEMANDÉ SI JE NE POUVAIS PAS
VENDRE QUELQUE CHOSE ET RÉUSSIR DANS LA VIE
CELA FAIT UN MOMENT DÉJÀ QUE JE NE SUIS BON A RIEN
JE SUIS ÂGÉ DE QUARANTE ANS. L'IDÉE ENFIN D'INVENTER
QUELQUE CHOSE D'INSINCÈRE ME TRAVERSA L'ESPRIT
ET JE ME MIS AUSSITÔT AU TRAVAIL. AU BOUT DE TROIS MOIS
JE MONTRAI MA PRODUCTION À PH.ÉDOUARD TOUSSAINT
LE PROPRIÉTAIRE DE LA GALERIE SAINT-LAURENT. MAIS C'EST
DE L'ART, DIT-IL, ET J'EXPOSERAIS VOLONTIERS TOUT ÇA
D'ACCORD, LUI RÉPONDIS-JE. SI JE VENDS QUELQUE CHOSE
IL PRENDRA 30%. CE SONT PARAÎT-IL DES CONDITIONS
NORMALES, CERTAINES GALERIES PRENANT 75 %
CE QUE C'EST ? EN FAIT, DES OBJETS

MARCEL BROODTHAERS, BRUXELLES 1964