Tu parles d’une vie méthodique, charmante
à ses jours, mais méchante à ses heures
tu parles de lui rendre cette justice
de la laisser faire selon ses rites
ancestraux, tu parles d’une vie
Tu parles d’une voix pour tous ceux dis-tu
qui n’en ont plus, ceux dont la langue
a été liée et qui s’étranglent à l’idée
de retrouver la parole, à la pensée
que la liberté existera, tu parles d’une voix
la vue, qui barre le passage, et qu’il faut
planté là comme un privé, les deux pieds figés
dans la terre mouvante, tu parles d’une traite
d’un monde oppressant qui déroule son tapis vert
son tapis gris, mais c’est pour cacher les taches
noires du passé, qui furent rouges de baisers et de
la virginité perdue, tu parles d’un monde qui fuit
Tu parles encore, mais l’éloquence n’est-elle pas
surtout faite de silences, posés entre les phrases
qui sont des valises trop lourdes dont on se déleste
de plus en plus souvent, jusqu’à les laisser sur
place
pour aller voir un peu plus loin, si tu parles
encore