© Sempé 1969

> comment on y va, chez toi ?
 - ça dépend
> comment ça, ça dépend ?
 - si tu arrives par le haut ou par le bas
> par le haut
 - c'est la dernière à droite en bas de la descente
> OK, et si je viens par le bas ?
 - alors c'est l'inverse
> c'est à dire ?
 - la première à gauche avant d'attaquer la côte
> et si j'arrive en marche arrière ?
 - du haut, c'est un coup de pied au cul
> vraiment ?
 - oui, et du bas c'est mon poing sur la gueule
> bonjour l'hospitalité !

YOU ARE

SO TIRED

MY FRIEND

Q = qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?

R = perturbateur en doctrine 1

© M.Tillieux

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (17)

Lettre à Théo et Jo  (2 juillet 1890)

Mon cher Théo et chère Jo,

Je viens de recevoir la lettre dans laquelle tu dis que l'enfant est malade ; je voudrais bien venir vous voir et ce qui me retient, c'est la pensée que je serais encore plus impuissant que vous autres dans le cas donné de chagrin. Mais je sens combien cela doit être éreintant et voudrais pouvoir donner un coup de main.

En venant de but en blanc, je crains d'augmenter la confusion. De tout mon cœur je partage vos inquiétudes pourtant. C'est bien dommage que chez M.Gachet la maison soit si encombrée de toutes sortes de choses. Sans cela je crois que ce serait un bon plan de venir loger ici - chez lui - avec le petit, au moins pour un bon mois, je crois que l'air de campagne fait énormément de l'effet. Dans la rue ici il y a des gosses nés à Paris et réellement maladifs, qui pourtant vont bien. Venir ici à l'auberge se pourrait aussi, c'est vrai. Pour que tu ne sois pas trop seul, je pourrais moi venir chez toi pour une semaine ou quinzaine. Cela n'augmenterait pas les dépenses. (...)

Une lettre de Gauguin assez mélancolique, il parle vaguement d'être bien décidé pour Madagascar, mais si vaguement qu'on voit bien qu'il ne pense à cela que parce qu'il ne sait réellement pas à quoi d'autre penser.

Et l'exécution du plan me paraît presque absurde.

( à suivre )

© Riss

Le 9 novembre dernier, le journal lançait une plainte - comme Edward Snowden une alerte - contre Donald Trump pour avoir utilisé la chanson You can't always get what you want lors d'une réunion publique, au lendemain de son élection à la fonction de Président des États-Unis d'Amérique. Eu égard à la complexité que représente une telle démarche, le journal n'a malheureusement pas pu donner suite à cette volonté. Le droit américain est un bayou dans lequel il vaut mieux ne pas s'aventurer sans d'infinies précautions. Et puis les auteurs de la chanson sont en vie que je sache, et c'est plutôt à eux de se manifester en premier, non ? Mais le vendredi 20 janvier, pour fêter son investiture, le camp Trump a récidivé en se présentant sur Pennsylvania Avenue au son de Heart of Stone. Mes amis, ça va trop loin. Là on touche à la mémoire d'un mort, d'un monument, d'un mythe, Brian Jones. En cette journée blanche du givre de janvier, mais noire des fantômes de la marche pour les droits civiques de 1963, c'est le blondinet au dulcimer qu'on persécute, le dandy au clavecin qu'on assassine. C'est pourquoi chaque vendredi midi, jusqu'à ce que la colère s'estompe, je passerai Child of the Moon, la plage de sable noir de Jumping Jack Flash. Nos pauvres mémoires chérissent les deux faces de cette médaille, et son métal unique.

                                       sunday morning

j'ai envie d'abandonner

le Y, le S et le M pour

le  H,  le  O  et  le  X !

  The best Pete have tight shirts                                                       © dog oldman 1976

> ah, tu as un chien ?
 - oui, il est encore jeune
> il est propre ?
 - oui, maintenant je le dresse
> et il obéit bien ?
 - j'ai de bons résultats avec lui
> par exemple ?
 - quand je sors, il m'apporte mes chaussures
> OK, et quoi d'autre ?
 - vers 10h il va me chercher le journal
> je vois le genre...
 - pourquoi tu souris ?
> parce que tous les chiens font ça
 - peut-être, mais moi je suis pas abonné
> !!??

© M.Tillieux

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (16-fin)

Lettre à Théo  (28 juin 1890)

Mon cher Théo,

Mais quelques-uns pourtant le sentent bien et c'est déjà quelque chose. Et puis il a ceci de gagné que dans les toilettes on voit des arrangements de couleurs claires bien jolies, si on pouvait avoir les personnes qu'on voit passer pour faire leurs portraits, ce serait aussi joli que n'importe quelle époque du passé et même je trouve que souvent dans la nature il y a actuellement toute la grâce du tableau de Puvis, entre l'art et la nature. Ainsi hier je vis deux figures : la mère en robe carmin foncé, la fille en rose pâle avec un chapeau jaune sans ornement aucun, des figures très saines, campagnardes, bien hâlées par le grand air, brûlées par le soleil ; la mère surtout avec un visage très très rouge et des cheveux noirs et deux diamants dans les oreilles. Et j'ai encore pensé à cette toile de Delacroix, L’Éducation maternelle. Car dans les expressions des visages il y avait réellement tout ce qu'il y eut dans la tête de George Sand. Sais-tu qu'il y a un portrait de Delacroix, il y en a un bois dans l'Illustration, avec les cheveux coupés courts.
Bonne poignée de main en pensée à toi et à Jo et prospérité avec le petit.
                                                                                                                 t. à t.
                                                                                                                 Vincent.

                   - Vous vous êtes fait bobo ?                                         © Sempé 2015

L'autre jour - ou peut-être était-ce une nuit ? - j'entends quelqu'un dire que I got you babe serait un plagiat à peine masqué d'une chanson de Bob Dylan. Une chanson de BD ? Mais quel genre, SVP ? Une acoustique, une électrifiée, une électrique ?? Une lente à la Love minus Zero/No limit, une rapide à la Obviously 5 believers, une mid tempo à la 4th time around ? Faut pas dire des choses comme ça sans avoir des arguments solides, c'est manquer de respect à Sonny Bono. Et SB c'est somebody, rien moins qu'un Nougaro avec du sang sicilien, qu'un Gainsbarre qu'aurait le sourire. Et puis, si on lui fait ce procès d'intention, car on parle bien d'intention n'est-ce pas, d'une erreur d'inattention, d'une chanson qui aurait suivi une trace, pourquoi ne pas faire le même à Bruce Spring- steen ? Lui aussi a emprunté à Dylan. L'insolence, le look, le phrasé, l'attitude. Darkness on the Edge of town, Tenth Avenue freeze-out, The river, dans le désordre, mais bien dans l'esprit, non ? Je propose un arrangement à l'amiable. On rend son honneur à Sonny, son talent d'arrangeur, son génie de mélodiste, on laisse sa mémoire intacte, sa veuve en paix et on retourne à nos occupations. Today, saturday August 14 1965, I got you babe # 1. Tomorrow, sunday August 15, The Beatles live at the Shea Stadium, New York. Cheers !

A Z E R T Y

U I O P Q S

DFGHJKLM

FIDÉLITÉ  n. f.  Maladie du chien non transmissible à l'homme.

© M.Tillieux

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (16)

Lettre à Théo  (28 juin 1890)

Mon cher Théo,

La commande de couleurs ci-jointe, tu les enverrais le commencement du mois, enfin au moment le plus convenable, c'est pas pressé pour quelques jours plus tôt ou plus tard.

Hier et avant-hier, j'ai peint le portrait de Melle Gachet que tu verras j'espère bientôt ; la robe est rose, le mur dans le fond vert avec un point orangé, le tapis rouge avec un point vert, le piano violet foncé, cela a 1 mètre de haut sur 50 de large.

C'est une figure que j'ai peinte avec plaisir, mais c'est difficile. Il m'a promis de me la faire poser une autre fois avec un petit orgue. J'en ferai un pour toi. J'ai remarqué que cette toile fait très bien avec une autre en largeur, de blés, ainsi l'une étant en hauteur et rose, l'autre d'un vert pâle et jaune vert complémentaire du rose ; mais nous en sommes encore loin avant que les gens comprennent les curieux rapports qui existent entre un morceau de la nature et un autre, qui pourtant s'expliquent et se font valoir l'un l'autre.

( à suivre )

                                                                                                                   © Juin

DE TOUT TEMPS J'AI PRÉFÉRÉ

FERMER LES GUILLEMETS

QU' OUVRIR  LE  BAN

FRAGMENTS D'UN MANIFESTE CANIN (82)

Après avoir jeté un œil à mon journal ou mis un pied dans ma boutique (je tiens un petit commerce en dehors de mes heures de farniente), certains se plaignent - pas à moi, à des tiers - que l'ambiance y est space 3D ( Deuxième Degré Désabusé ), limite veillée funèbre, bref qu'on n'y boit pas des bières en se racontant des histoires drôles. Je rappelle que j'ai annoncé la couleur d'entrée de jeu. En haut à droite de la colonne du journal, il est bien mentionné : droopy goldman, I'm a dog of wealth and taste. J'aurais du rajouter : and I like Sad song (Lou Reed), not The happy song (Otis Redding). Je pensais naïvement que le seul nom de Droopy en disait plus que tout le reste. Corrigez-moi si je divague, mais Tex Avery a bien donné le jour à un chien triste, même si certains s'en amusent. Si le visiteur a envie de rire ou de se divertir, il faut qu'il se tourne vers des chiens spécialisés dans les activités d'entertainment. Il y a Boule et Bill, Dingo, Milou et Tintin, Pif le chien, Snoopy, etc. Sinon dans le genre humanoïde, voir Gaston Lagaffe, Achille Talon ou Gil Jourdan. Le bon côté de la chose, c'est qu'un chien de cartoon ne vous laissera jamais tomber. Il est immortel, au moins pour un temps. Tel que vous me lisez, je vais sur mes 74 ans, bon an mal an 407 ans en équivalent âge humain. Papa a fait du chien costaud .:

VOILÀ-T-Y  PAS

QUE DEUX EST

UN  N O M B R E

P  R  E  M  I  E  R

MNÉMOTECHNIQUE POUR TOUS  (8)

Mamoutou Diarra     =   poste 3
   Jamal  Shuler      =   poste 2
    Tony Parker        =   poste 1

© M.Tillieux

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (15-fin)

Lettre à Théo  (24 ou 25 juin 1890)

Mon cher Théo,

Le Hollandais travaille assez assidûment, mais se fait encore illusion sur l'originalité de sa manière de voir considérablement. Il fait des études à peu près comme en faisait Koning, un peu de gris, un peu de vert, avec un toit rouge, une route blanchissante. Que faut-il dire dans un cas comme cela, s'il a de l'argent, alors certes il fait bien de faire de la peinture, mais s'il faut qu'il intrigue beaucoup pour en vendre, je le plains d'en faire, comme d'autres d'en acheter à un prix relativement trop élevé. Là si pourtant il travaillait seulement bien assidûment tous les jours, il arriverait. Mais seul ou avec des peintres qui travaillent peu, il ne ferait pas grand chose je crois.

J'espère faire semaine prochaine le portrait de Melle Gachet et peut-être aurai-je une fille de campagne à poser aussi. Je suis content de ce que Boch me fait cet échange, car je trouvais qu'ils avaient bien payé un peu cher relativement l'autre toile, étant des amis.

J'aimerais beaucoup un peu plus tard venir à Paris quelques jours, précisément pour aller une fois chez Quost, chez Jeannin, un ou deux autres. Je voudrais bien que tu eusses un Quost, et il y aurait probablement moyen d'en échanger un. Gachet viendra aujourd'hui voir les toiles du Midi.

Prospérité avec le petit et bonne poignée de main en pensée à toi et à Jo.

( la fin manque )