mercredi 18 janvier 2017

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (16-fin)

Lettre à Théo  (28 juin 1890)

Mon cher Théo,
Mais quelques-uns pourtant le sentent bien et c'est déjà quelque chose. Et puis il a ceci de gagné que dans les toilettes on voit des arrangements de couleurs claires bien jolies, si on pouvait avoir les personnes qu'on voit passer pour faire leurs portraits, ce serait aussi joli que n'importe quelle époque du passé et même je trouve que souvent dans la nature il y a actuellement toute la grâce du tableau de Puvis, entre l'art et la nature. Ainsi hier je vis deux figures : la mère en robe carmin foncé, la fille en rose pâle avec un chapeau jaune sans ornement aucun, des figures très saines, campagnardes, bien hâlées par le grand air, brûlées par le soleil ; la mère surtout avec un visage très très rouge et des cheveux noirs et deux diamants dans les oreilles. Et j'ai encore pensé à cette toile de Delacroix, L’Éducation maternelle. Car dans les expressions des visages il y avait réellement tout ce qu'il y eut dans la tête de George Sand. Sais-tu qu'il y a un portrait de Delacroix, il y en a un bois dans l'Illustration, avec les cheveux coupés courts.
Bonne poignée de main en pensée à toi et à Jo et prospérité avec le petit.
                                                                                                                 t. à t.
                                                                                                                 Vincent.

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