mardi 30 juin 2020

De cervelle lasse
une envie me prend
un peu dégueulasse
une qui ne dépend
que de la volonté

mais serrer les dents
c'est pas si évident
elles ont grincé, ri
jaune, massicoté,
et faut faire gaffe à
pas se mordre la langue
un des seuls muscles qui se délie
encore avec une certaine volupté
I got nasty habits, les mots
je les prends à L-a L-e-t-t-r-E

dimanche 28 juin 2020

vendredi 26 juin 2020

Dream O dream  #  909

Je connaissais Yoko et je l'aimais. Elle aussi. Donc j'ai rencontré John et on était amis, mais il a découvert notre amour. On se retrouvait au Dakota Building. Une fois sur deux, John nous surprenait et on promettait qu'on ne le referait plus. Il pardonnait mais à la première occasion on recommençait. Je n'avais pas peur, Yoko non plus. Pas besoin d'inventer des stratagèmes bien compliqués pour tromper la vigilance de John. Il nous laissait seuls les soirs de concert ou pendant les séances d'enregistrement et les précautions qu'il prenait étaient ridicules. Il était d'une naïveté ahurissante, d'une tolérance inimaginable. Qui plus est, en pleine conscience, nous déclarant les yeux dans les yeux qu'il nous mettait à l'épreuve, au défi d'arrêter. Et à chaque fois il passait l'éponge, disant que c'était notre karma. Les mois passaient mais pas cette passion qui nous consumait comme un bâton d'encens sans fin. À la longue, il a quand même fini par s'énerver, mais étant un leader pacifiste, Yoko savait qu'il ne serait jamais violent. On a rompu et renoué des dizaines de fois, suivant un protocole bien établi, jusqu'à ce jour où John a changé de ton. Face à nous, ce n'était plus le même homme. C'était Winston, en treillis de l'armée US et casque de chantier. On a su que notre histoire d'amour allait mourir de sa belle petite mort. Fin du rêve, de l'amour, de l'amitié.

mercredi 24 juin 2020

MNÉMOTECHNIQUE POUR TOUS  (49)

VPC  :  Vous Plaît Cils
VPC  :  Vouloir Pouvoir Capituler
VPC  :  Virgule Point Cédille
VPC  :  Venvole Papier Crayon
VPC  :  Vente Par Correspondance
VPC  :  des Vessies Pour des Cantines

lundi 22 juin 2020

> toi, t'as ta tête des mauvais jours
 - j'ai un problème
> dis-voir
 - la négation d'une négation
> je t'écoute
 - est-ce que moins par moins égale toujours plus ?
> c'est ce qu'on nous apprend au collège
 - alors, le désenchantement d'un monde déjà
   désenchanté équivaudrait à un réenchantement ?
> tu fais pas dans la demi-mesure
 - les maths sont une science exacte ou pas ?
> oui, mais là tu quittes les mathématiques
 - et où est-ce que je me situe, à ton avis ?
> en plein rêve
 - parfait, c'est là où je voulais aller

samedi 20 juin 2020

jeudi 18 juin 2020

Alors je vous remets ça dans le contexte. On est à l'automne 1965. Bientôt va se tenir la première élection présidentielle au suffrage universel direct, une idée du général aux grandes oreilles, qui sont de plus en plus pointues depuis qu'il ne porte plus le képi. Mais nous avec Didier*, on s'en bat les cacahuètes, notre attention est monopolisée par les groupes anglais qui sont en train de faire une razzia sur la chnouf jeunesse française. Parmi ceux-ci, les Rolling Stones. Il y a eu The last time, les arpèges de Play with fire, le riff ébouriffant de Satisfaction et la harangue de Get off of my cloud. On a acheté les 45t, chacun son tour, en se les refilant, nos budgets loisirs n'étant pas extensibles et les groupes nombreux. Régulièrement, on se faisait un petit conseil de défense dans le cellier de Didier et on débattait de la meilleure chanson pour défendre nos intérêts et conquérir un peu plus de liberté. Sur les pochettes, il y avait bien les noms, les âges, les goûts, etc. mais pas "de gauche à droite". Brian Jones et Mick Jagger étaient connus de tout le monde, avec leur portrait dans Salut les Copains, Bill Wyman on s'en foutait un peu, non, le problème c'était Keith et Charlie. Et pendant quelques temps, on a mis le nom de Keith sur la bobine de Charlie. Pas longtemps. Quand les deux fois six coups de 66 ont sonné, on a rendu à Richard ce qui était à Richard(s).
* Didier Lempreinte ex
teenager des sixties

mardi 16 juin 2020


LA CHAMBRE


La chambre croyait qu'il fallait
Un homme pour la réveiller ;

Chaque soir elle faisait un prisonnier,
Le liait jusqu'à l'aube ;

Jambes, épaules, ses quatre murs
Le maintenaient, très durs.

Elle a découvert
Que les charrettes réveillent mieux ;

Maintenant elle préfère
Sommeiller seule ;

Dans l'aube avec le premier bruit d'essieu,
rapide, fraîche, elle cahote ;

Très sûrs,
Ses jambes, épaules, quatre murs.

Dans ce pays très gourd nul n'a rien remarqué.

                                                                Armand Robin

dimanche 14 juin 2020

L'autre soir, en état de semi-activisme non onirique de fin de soirée, je suis tombé 1) sur Alain Finkielkraut, et 2) de ma chaise. Détendu, le regard apaisé, il parlait en termes mesurés de la situation, sans exaltation particulière. Rien que ça, sur la forme, constituait une petite révolution (de palais) intellectuelle. Mais là où j'ai halluciné (de minuit) c'est quand je me suis aperçu qu'il n'accusait personne de perversion, de trahison, qu'il ne désignait pas de bouc-émissaire. Son propos était pacifié, humaniste (peut-on dire bienveillant? je le crois). Envolée cette propension maladive à se purger de sa frustration, à lâcher les vannes d'une logorrhée urticante comme il a coutume de le faire. Disons plutôt : comme il avait coutume de le faire, avant la pandémie. Le virus à couronne l'a métamorphosé. De roi de la rage et de la trépidation, il s'est mué en un sage, empreint d'une dose d'humilité non feinte, ou alors c'est du grand art. Voilà encore un phénomène que la science va avoir du mal à expliquer. Et on n'est pas au bout de nos surprises dans cette affaire. Des bonnes comme des mauvaises. Un de ces jours, on va voir débouler un Boris Cyrulnik illuminé, l’œil torve et la lippe agressive, déversant un tombereau d'immondices sur l'Académie de Médecine, Macron Mengele et ses sbires vichystes, etc.

vendredi 12 juin 2020


Perdues les montres
oubliés les encriers

mais rien n'y fait
le temps restera

le mal dominant

et les lettres de dicter
leur conduite aux deux
ou trois doigts

qui se piquent de vouloir
les assigner à résidence

couchées sagement

sur le papier

mercredi 10 juin 2020

Factory girls, London 1965                                                                    © Gettyimages

lundi 8 juin 2020

Tonton Georges est une rock star. Dans mon petit panthéon (qu'est pas décousu mais que je perds, comme Mr Trousers Falldown sur la scène du Madison Square Garden en 1969) il a le même statut que les Rolling Stones, le Velvet Underground, Iggy Pop ou David Bowie. En 1966, j'ai acheté le vol. IX à sa sortie, puis le X, et enfin Fernande/Mourir pour des idées, le premier album où on le voyait en couleurs, grisonnant, le regard perché dans l'azur du golfe du Lion. Mais pas les "Nouvelles chansons" de 1976. Malgré cet oubli (trahison?), je me suis aperçu que je les connaissais toutes, pour les avoir écoutées chez un autre fondu du  C'est toi?  tois, aujourd'hui perdu de vue. Fin du préambule.
En guise de clin d’œil à mon vieux complice du 25 rue de la glacière, jamais perdu celui-là, et qui est un tontonophile de toute première force, chanteur de surcroît, je vais faire ce qu'il s'était amusé à faire avec Rubber Soul, c'est à dire classer les chansons par ordre de préférence. Belle opportunité puisque les "Nouvelles chansons" sont au nombre de 14, comme dans les LPs mythiques des Fab Four.

samedi 6 juin 2020

1 - Les casseuses : Quand vous ne nous les caressez pas, chéries vous nous les cassez, oubliez-les si faire se peu, qu'elles se reposent; quand vous ne nous les dorlotez pas, vous nous les passez à tabac, oubliez-les si faire se peu, qu'elles se reposent un peu, qu'elles se repo-o-o-sent... une chanson de salle de garde (littéraire), à ne pas faire écouter à votre belle-mère, sauf si elle apprécie Misogynie à part et Fernande. L'art de l'ellipse poussé à son degré ultime, qui supplante Le blason, et dans le même registre Le zizi de Pierre Perret, un de ses disciples les plus doués
2 - Don Juan : Gloire à qui freine à mort, de peur d'écrabouiller le hérisson perdu, le crapaud fourvoyé... gloire au flic qui barrait le passage aux autos pour laisser traverser les chats de Léautaud... gloire à qui, n'ayant pas d'idéal sacro-saint, se borne à ne pas trop emmerder ses voisins... et gloire à Don Juan... paroles limpides, musique de cristal...
3 - Histoire de faussaire : Tous ces faux-semblants transportent les amoureux des mots dans une vraie ivresse, sans alcools ni substances prohibées
4 - Les ricochets : Que ton Rastignac n'ait cure, ô Balzac, de ma concurrence... on re- dessina du pont d'Iéna au pont Alexandre jusqu'à Saint-Michel, mais à notre échelle, la carte du tendre... j'en pleurai pas mal, le flux lacrymal me fit la quinzaine, au viaduc d'Auteuil paraît qu'à vue d’œil grossissait la Seine... une plume comme ça permet de parler de la pluie, du beau temps, des courants d'air sous les ponts de Paris
5 - Mélanie : la plus licencieuse des chansons sorties de la plume de GB. Les censeurs des années 50 ont dû s'étrangler en entendant ça, sauf ceux qui  sont morts entre-temps, étouffés par les émanations toxiques de leur puritanisme, ou bien achevés par une écoute imprudente de La religieuse dans le vol. X
6 - Tempête dans un bénitier : c'est le monde à l'envers, l'amateur de bouffardes, bouffeur de curés, que la religion et ses bigot(e)s font fuir, prend la défense d'un des aspects les plus traditionnels de la liturgie catholique, le latin. Sans le latin, sans le latin, la messe nous emmerde... et comme dans Le roi des cons, une chorale vient parachever cette homélie païenne. Paradoxal, déconcertant, jouissif
7 - La messe au pendu : un violoncelle sobre et émouvant souligne ce plaidoyer contre la peine de mort, moins percutant que le coup de poing dans la gueule qui clôt Le gorille. Une jolie mélodie pour ce portrait d'un curé humaniste qui enterre celui du Grand chêne : le curé de chez nous, petit saint besogneux...

jeudi 4 juin 2020

 8 - Le boulevard du temps qui passe : en voici une qui brille par sa musique, un tempo de sardane, de tarentelle, c'est déjà ça comme dirait Souchon
 9 - Trompe la mort : une façon de voir la vie du bon côté et une réussite pour tout amateur n'ayant pas goûté aux charmes du Bulletin de santé ou de La supplique pour être enterré à la plage de Sète. À l'ombre des grands arbres, les plus jeunes jouent des coudes, mais ils ont du mal à se faire une petite place au soleil
10 - Le modeste : cet artiste pétri d'humanité avec quelques atomes crochus de bestialité, n'eut besoin de personne pour en être un. Malgré sa métrique impeccable, bien balancée, cette ode à l'amitié souffre du parrainage des Copains d'abord
11 - Montélimar : Assez loin de Paris, pas trop près de Sète, cette composition est une étape dispensable sur un chemin qui ne mène pas à Rome
12 - Cupidon s'en fout : une chanson qu'on dirait échappée d'un "Brassens pour les nuls". Rien que d'énoncer cette vision hasardeuse, l'envie me prend d'aller voir plus loin
13 - Les patriotes : celle-ci n'a pas l'ironie dévastatrice de La Ballade des gens qui sont nés quelque part, ni le radicalisme militant de La mauvaise réputation; bref, une chanson entre deux âges qui laisse un goût de reviens-y pas
14 - Lèche-cocu : dito; après la perfection de À l'ombre des maris sur l'opus précédent, cette ritournelle fait pâle figure

A ciao Georges
Jean-Louis et Elvira

mardi 2 juin 2020

lundi 1 juin 2020


I CAN'T BREATHE

NON RIESCO A RESPIRARE

JE NE PEUX PAS RESPIRER