dimanche 14 juin 2020

L'autre soir, en état de semi-activisme non onirique de fin de soirée, je suis tombé 1) sur Alain Finkielkraut, et 2) de ma chaise. Détendu, le regard apaisé, il parlait en termes mesurés de la situation, sans exaltation particulière. Rien que ça, sur la forme, constituait une petite révolution (de palais) intellectuelle. Mais là où j'ai halluciné (de minuit) c'est quand je me suis aperçu qu'il n'accusait personne de perversion, de trahison, qu'il ne désignait pas de bouc-émissaire. Son propos était pacifié, humaniste (peut-on dire bienveillant? je le crois). Envolée cette propension maladive à se purger de sa frustration, à lâcher les vannes d'une logorrhée urticante comme il a coutume de le faire. Disons plutôt : comme il avait coutume de le faire, avant la pandémie. Le virus à couronne l'a métamorphosé. De roi de la rage et de la trépidation, il s'est mué en un sage, empreint d'une dose d'humilité non feinte, ou alors c'est du grand art. Voilà encore un phénomène que la science va avoir du mal à expliquer. Et on n'est pas au bout de nos surprises dans cette affaire. Des bonnes comme des mauvaises. Un de ces jours, on va voir débouler un Boris Cyrulnik illuminé, l’œil torve et la lippe agressive, déversant un tombereau d'immondices sur l'Académie de Médecine, Macron Mengele et ses sbires vichystes, etc.

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