vendredi 26 juin 2020

Dream O dream  #  909

Je connaissais Yoko et je l'aimais. Elle aussi. Donc j'ai rencontré John et on était amis, mais il a découvert notre amour. On se retrouvait au Dakota Building. Une fois sur deux, John nous surprenait et on promettait qu'on ne le referait plus. Il pardonnait mais à la première occasion on recommençait. Je n'avais pas peur, Yoko non plus. Pas besoin d'inventer des stratagèmes bien compliqués pour tromper la vigilance de John. Il nous laissait seuls les soirs de concert ou pendant les séances d'enregistrement et les précautions qu'il prenait étaient ridicules. Il était d'une naïveté ahurissante, d'une tolérance inimaginable. Qui plus est, en pleine conscience, nous déclarant les yeux dans les yeux qu'il nous mettait à l'épreuve, au défi d'arrêter. Et à chaque fois il passait l'éponge, disant que c'était notre karma. Les mois passaient mais pas cette passion qui nous consumait comme un bâton d'encens sans fin. À la longue, il a quand même fini par s'énerver, mais étant un leader pacifiste, Yoko savait qu'il ne serait jamais violent. On a rompu et renoué des dizaines de fois, suivant un protocole bien établi, jusqu'à ce jour où John a changé de ton. Face à nous, ce n'était plus le même homme. C'était Winston, en treillis de l'armée US et casque de chantier. On a su que notre histoire d'amour allait mourir de sa belle petite mort. Fin du rêve, de l'amour, de l'amitié.

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