mardi 31 juillet 2012


Je sens dans les replis
de mon âme servile
des veines fragiles
où ma pensée circule
dans une galerie de termite  

À la recherche de ses ouailles
de ses idées… pourquoi ses ?
une seule idée suffira
- l’une après l’autre -
dépouillement fait loi

Mais il n’y a plus rien, tout
s’est écroulé, je ne sais pas
faire parler la poudre
encore moins trouver les mots
ceux que l’on transforme en acte

« Arrête ! » me dit une voix
« ne vois-tu pas que tu arrives
au bout de l’ennui ? » bien sûr,
mais je dois poursuivre, ne suis-je
pas le « chairman of the bored ? »  

J’ai trouvé ! Ici gît un fossile
un éclat de couleur pure, lessivé
si mal dégagé de sa gangue fœtale
qu’on pourrait le croire mort-né

Retourne-toi, prie une dernière fois
et fais une croix sur ta foi

lundi 30 juillet 2012


Je ne te parle pas, je t’écoute
tu ouvres les yeux sur tes propres paroles
comme un miroir de mots

Je ne te parle pas, je t’écoute
tu es ce que j’écris sans te voir
et tu m’ouvres à toi dans ton silence clos

Je ne te parle pas, je t’écoute
au centre de toi, je respire tes songes
et lave d’une saignée de gestes
ta souterraine angoisse

Pourtant je ne te parle pas, je t’écoute
je t’écoute et tu me contes un dieu
où loge ma naissance

C’est en toi que je nais,
et c’est dans mon silence que tu meurs
car je ne te parle pas, je t’écoute

dimanche 29 juillet 2012

NOUVELLES DE L'EUROPE...



                                                                                           ET DU PROCHE-ORIENT
      Vous prendrez bien...


                                                                                    un petit verre de vin rouge ?

samedi 28 juillet 2012

Ce matin-là, Natch avait un petit sourire inhabituel. C'était un sourire contenu, ce qui ne lui ressemblait pas. Il m'avait donné une K7 en me disant « écoute ça et tu me diras quoi » Cette expression aussi m'avait étonné. Natch parlait un français classique, émaillé de quelques rares locutions argotiques ou régionales, mais pas du Nord. Bizarre. À la reprise à 14h, j'étais en retard. Entrant en salle de cours juste au moment où la porte se refermait, je lançai un regard en forme de point d'interrogation dans sa direction mais il avait toujours cet air complice "confidentiel défense". À l'interclasse, j’allai aux nouvelles : > qu'est-ce que c'est que ça ? - c'est la maquette d'un morceau de Creedence qui sera sur le prochain LP > comment t'as eu ça ? - black market, peux pas t'en dire plus > mais ça ressemble à rien, non ? enfin si, le riff est génial, mais les vocaux c'est n'importe quoi, c'est pas John Fogerty ! - c'est un jeune qui intègre le groupe > bordel, on dirait un grillon asthmatique qui se prend pour une crécelle ! - il débute, il va s'améliorer > qui c'est ? - un p'tit blanc bec à la Danny Kirwan, tu le connais > non je vois pas, c'est pas un ricain en tout cas - ouais, un gars d'ici > comment ça d'ici ? - d'ici, au lycée > ah je vois, vous avez bidouillé un truc à l'internat - non, c'est externe à l’établissement, dit-il en s’esclaffant. Il avait enregistré une conversation un peu animée dans la cour et ils avaient - Stan et lui - fait un montage puis remixé ma voix sur le basic track de Creedence. Mon air déconfit le mettait en joie. > ah oui, et comment t'appelles ça ? - Rumble crumble, ça va faire un hit !!

vendredi 27 juillet 2012


ciel bleu dans un œil noir

mercredi 25 juillet 2012

LA CASSEROLE ROUGE (5)

Il me raconta l'histoire suivante. À l'automne 1889, son père dut quitter sa famille et sa région pour aller travailler non loin de Paris. Ce changement de situation faisait suite à l'incendie qui détruisit la scierie de Levier pendant l'été. Le patron dut se résoudre à remettre en service une petite usine à bois désaffectée dont il avait hérité et qui était située dans la forêt domaniale de L'Isle-Adam, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris. Il proposa à ceux de ses employés qui le souhaitaient de le suivre. C'est ainsi que mon arrière grand-père accepta de s'exiler à près de 500 kilomètres de chez lui, alors qu'il avait rarement dépassé les limites du canton. Il était occupé 12 heures par jour à approvisionner les grumes à l’intérieur de la scierie, ainsi qu'à remiser les différentes pièces de bois après sciage. À cette époque, l'esprit de compagnonnage était grand et les ouvriers sur site étaient parfois sollicités pour des tâches moins qualifiées à pourvoir sur chantier. À la fin de l'année 1889 débuta un important chantier dans une aile du château de Méry, endommagée par un incendie lors de la célébration du centenaire de la révolution française. Francis y participa, sous la houlette d'un compagnon charpentier. Au printemps de 1890, il partageait donc son temps de travail entre la scierie et le château. Sa préférence allait à ce dernier, pour plusieurs raisons. Le cadre, les compagnons, les conditions de travail, mais surtout la nourriture. Le casse-croûte du matin et le repas de midi étaient préparés dans les cuisines du château et apportés dans une dépendance des écuries qui faisait office de réfectoire et de vestiaire. Le soir, chacun pouvait rentrer chez lui ou dormir sur place, le repas du soir restant à sa charge. Les économies faites au quotidien permettaient à certains de manger à l'auberge locale, un ou deux soirs par semaine. En l'occurrence le Lapin Chasseur à Méry, mais il apparût vite à la fine gueule qu'était Francis que de l'autre coté du pont à Auvers, le chef de l'auberge Ravoux avait quelque chose que les autres n'avaient pas.

mardi 24 juillet 2012

la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait border la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait border la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder la goutte qui fait déborder

lundi 23 juillet 2012

J'AI                                                                                 QUELQUE





CHOSE




À VOUS                                                                                  DIRE

dimanche 22 juillet 2012

L’ÉNIGME DEXYS

Kevin Rowland est un mystère. Né anglais de parents irlandais, il a rendu possible la réunion de différentes musiques, blanches et noires, américaines et celtes, acoustiques et électriques. Il les a concassées dans un incroyable creuset, au cœur d'une improbable époque. En 1980, lui et son groupe Dexys Midnight Runners portent sur les fonds baptismaux un enfant magnifique, souvent jalousé, jamais égalé, le LP nommé Searching For The Young Soul Rebels. Onze titres de feu, que la difficulté de l'entreprise empêche de décrire. Que ceux qui ignorent tout de ce disque sachent qu'il est une expérience unique dans la vie d'un mélomaniaque. Disons pour faire simple que chaque face démarre sur les chapeaux de roues ( Burn it down / Seven days too long ) et finit au bord du volcan ( Geno / There there my dear ). Deux ans plus tard, KR a l'occasion de changer le nom de son groupe en Celtic Soul Brothers. Il n'en fera rien. Ce sera seulement le titre du premier morceau du deuxième LP, Too-Rye-Ay. Moins noir, plus celte, plus acoustique, mais tout aussi extraordinaire que son prédécesseur. Témoins entre autres Plan B et Until I believe in my soul, deux faces d'une médaille étincelante, ou la refonte du Jackie Wilson said de Van Morrison. Puis plus rien. De sombres querelles d'égo conduiront à la dissolution du groupe en 1986, après un troisième album indigne. Alors je pose une question. Est-ce que quelqu'un peut dire pourquoi, comment un tel génie a pu se dissoudre et disparaître comme un avion s'abîme en mer ?

samedi 21 juillet 2012

SKYSCRAPER                                                   YOU'LL NEVER  




NEVER

NEVER




SCRAPE                                                                        THE SKY

http://grooveshark.com/s/
Sky+Pilot/3GSYuk?src=5

vendredi 20 juillet 2012


REMISE DES PRIX DE L’ACADÉMIE ROBERT DALBAN  POUR LA SAISON 1955-2010

Le meilleur trois quarts de rôle : Bruno Ganz, Paul dans "Dans La Ville Blanche" d'Alain Tanner

Le meilleur premier rôle et demi : Joe Dallesandro, Sigismond dans "La Marge" de Walerian Borowczyk

Le meilleur troisième rôle : Jeremy Irons, Beverly et Elliot Mantle, les frères jumeaux de "Dead Ringers" de David Cronenberg

Le meilleur quatrième rôle et demi : Yves Montand, Léon Marcel dans "IP 5" de Jean-Jacques Beineix

Le meilleur sixième rôle : Venantino Venantini, Joe dans "J’ai Toujours Rêvé d’Être Un Gangster" de Samuel Benchetrit

Le meilleur septième rôle et demi : Marcel Pérès, le concierge alité de "Dernier Domicile Connu" de José Giovanni

Le meilleur neuvième rôle : Noël Roquevert, le locataire irascible dans "Les Diaboliques" d'Henri-Georges Clouzot

Prix spécial de l'injury : Thimothy Bottoms, Joe Bonham dans "Johnny Got His Gun" de Dalton Trumbo

FÉLICITATIONS À TOUS. Pour les artistes décédés, le prix de 15 euros sera remis aux ayants droit au secrétariat de l'Académie, les lundis et mardis de 14h à 16h (sauf en août)

jeudi 19 juillet 2012


You want my branch across your face ?

mercredi 18 juillet 2012


Help, I'm a train !

mardi 17 juillet 2012

AVEC                                                                               MON AIR



CON
- --                                                                                               ---
---                                                                                               -- -
ET



MA VUE                                                                              BASSE

lundi 16 juillet 2012

LITTLE WHITE WONDER (4)

 BLUNDERBUSS 

Deux rocks, deux jazz, neuf White Spirits. La chose est bien dosée.

1) Missing pieces : tuh tuh tuh tuh tuh tuh... Le ton est donné. Le clavier mène la danse. Le tempo est roi, le morceau ne dévie pas d'un pouce. Un contrepoint précieux à la folie de Jack l’Éventreur (de Conformisme) P.S. comme tout un chacun, JW fait ses petits ajustements de dernière minute : just a tag on the pillow et non on the mattress comme indiqué dans le livret
2) Sixteen saltines : première incursion dans le territoire des White Stripes. Pas besoin de fumée blanche. Tout est là dès la première seconde, le riff dévastateur, la dépression sonique, les chorus à la pédale, la paranoïa anachronique : I'm hungry and the hunger will linger... I eat sixteens saltine crackers, then I lick my fingers... merci, ça fait du bien mais on pouvait attendre encore un peu
3) Freedom at 21 : magnifique chanson hypnotique qui s'appuie sur le background des WS pour les dépasser. Une véritable usine à rythmes, un petit surgénérateur à elle seule. Le beat est une horloge qui aurait avalé un métronome. Le riff vous tire instantanément du Triste Sire Le Réel, cet Empêcheur de Minuiter' Around. Quant à la voix, elle vous pousse dans les chausse-trappes du rêve éveillé. Une réussite totale !
4) Love interruption : piano et guitare acoustique, vocaux plaintifs. Brooke Waggoner au piano électrique Wurlitzer, Emily Bowland à la clarinette. Des noms qu'on ne connait pas, des instruments qu'on ne demande qu'à connaître. Très belle chanson éditée en single, pochette carrelage blanc, rasoir à la main.
5) Blunderbuss : la steel guitar joue le jeu mais c'est encore et toujours le piano qui procure cette dimension classique et orchestrale, celle qui fait d'un surdoué un génie mélomaniaque. Doing what two people need... is never on the menu...
6) Hypocritical kiss : guilleret, grandiloquent, turbulent, classique, comique : tout pour plaire. Des accents de piano bar et de charleston. Une bande son exubérante de nos années folles, les années deux mille dix
7) Weep themselves to sleep : Fender print, piano droit et dramaturgie, l'ébauche d'une mini symphonie du "nouveau" Nouveau Monde. Idéal pour ouvrir la face 2. N.B. je sais, il n'y a qu'une face sur un CD, mais si ça me fait plaisir et que ça ne vous fait pas de mal...
8) I'm shakin' : une chanson écrite par Rudy Toombs pour Little Willie John en 1959. Dernière corne de brume avant le grand large. Pas une once de piano ; ça fait tout drôle mais on sent confusément qu'on repiquerait volontiers si...
9) Trash tongue talker : si Jacques Blanc n'avait pas fait le rêve d'être transformé en un Jerry Lee Lewis borderline, à l'orée du 21ème siècle. Et voilà une ration de boogie tout frais sorti du pis rebondi de la vache américaine
10) Hip (eponymous) poor boy : ça démarre comme une nursery rhyme, ça continue en tour de manège et quand c'est fini ça recommence
11) I guess I should go to sleep : très bel intermède country rock avant...
12) On and on and on : une révélation. It's the beginning... of a new age... comme chantait Doug Yule au printemps de 1970. Passées les trente premières secondes interrogatives, la ligne de basse qui introduit le chorus de piano a plus à voir avec Cecil McBee préparant l'entrée de Keith Jarrett sur la scène de Monterey qu'avec les Raconteurs. C'est l'avantage avec JW, on ne sait jamais vraiment où on va atterrir. C'est le cas ici. On peut jouer et rejouer ce morceau... On and on and on... On ne s'en lasse pas  
13) Take me with you when you go : un autre sommet, le dernier puisque c'est la fin. Garder les meilleurs morceaux pour la fin est la marque des grands. Tel Kevin Rowland remisant Geno et There there my dear en bout de piste sur SEARCHING FOR THE YOUNG SOUL REBELS, Jack White nous refait le coup avec Take me with you. L'exposition du thème au piano "à la Dave Brubeck" vous transporte dans un environnement qui n'a de rock que le générique, que l'habitude. Envolée l'étiquette, oubliés le décor morbide et les oiseaux de proie, vous êtes dans la Musique Pure, celle qui n'a besoin de personne pour en être Une. Une apothéose !

dimanche 15 juillet 2012

LA CASSEROLE ROUGE (4)

En réalité, la casserole rouge faisait partie des meubles. Vers l'âge de quinze ans, alors que mon intérêt pour la peinture commençait à prendre forme, un détail du tableau auquel je n'avais pas prêté attention se mit à m'intriguer. En bas à droite, la signature de l'artiste était tracée en lettres grasses et déliées. À distance raisonnable du tableau, on lisait clairement : Vincent. Le V majuscule avait cette forme particulière, évasée et arrondie comme un vase dessiné par un enfant de trois ans. Exactement comme sur un tableau de Van Gogh qui m’intriguait tout autant, mais pas pour les mêmes raisons, les tournesols. Un jour que mon grand-père était penché par dessus mon épaule et observait d'un œil attentif - il avait été instituteur - mon travail en cours, je lui dis en me tournant vers la casserole qui rayonnait dans la clarté de la mi-journée « tu as vu, le tableau est signé Vincent, comme les tournesols de Van Gogh ». Il prit alors cet air plus que sérieux, sévère que je connaissais bien et qui précédait presque toujours un fin heureuse « Ah, tu as remarqué ? » Puis, avant que j'aie pu placer un mot, comme on abat un carré de rois ou un full aux as : « mais c'est un Van Gogh ! ». Jouissant du plaisir de voir mon air ahuri, il laissa s'écouler une ou deux secondes, puis les plis sur son front se déplacèrent de chaque coté de ses yeux. Son visage était rempli de ce sourire radieux, si caracté- ristique. Il n'aimait rien tant que la juxtaposition du sérieux et du léger. Il ôta ses lunettes. « T'ai-je déjà parlé de mon père ? ».