jeudi 22 décembre 2016
mercredi 21 décembre 2016
JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (14-fin)
Lettre à Paul Gauguin (sans date)
Alors vous comprenez qu'étant arrivé à Paris un peu ahuri, je n'ai pas encore vu de vos toiles. Mais bientôt j'espère y retourner pour quelques jours. Très content d'apprendre par votre lettre que vous retournez en Bretagne avec de Haan. Il est fort probable que - si vous me le permettez - je viendrai pour un mois vous y rejoindre, pour y faire une marine ou deux, mais surtout pour vous revoir et faire la connaissance de de Haan. De ces jours-là nous chercherons à faire quelque chose de voulu et de grave, comme cela serait probablement devenu si nous eussions pu continuer là-bas.
Tenez, une idée qui peut-être vous ira, je cherche à faire des études de blé ainsi - je ne peux cependant pas dessiner cela - rien que des épis bleu vert, feuilles longues comme des rubans vert et rose par le reflet, épis jaunissant légèrement, bordés de rose pâle par la floraison poussiéreuse - un liseron rose dans le bas enroulé autour d'une tige. Là-dessus sur un fond bien vivant et pourtant tranquille, je voudrais peindre des portraits. C'est des verts de différente qualité, de même valeur, de façon à former un tout vert, qui ferait par sa vibration, songer au bruit doux des épis se balançant à la brise ; c'est pas commode du tout comme coloration.
( la fin manque )
mardi 20 décembre 2016
lundi 19 décembre 2016
ROCK EN DÉCEMBRE (3)
Après ce déluge sonique, la tension baisse d'un cran avec Taj Mahal et son blues de derrière les fagots, acidulé comme un vin nouveau, énigmatique comme un vin ancien. Un cadrage serré des musiciens ne masque pas l'absence de public. Que s'est-il passé ? Obligations contractuelles, avion raté ou erreur humaine ? Un peu des trois ? Rien de grave, la prestation est réussie, le spectacle peut continuer. C'est Charlie qui présente l'invitée suivante, Miss Marianne Faithfull. Plan tournoyant sur l'égérie de Mick Jagger, assise sur un présentoir au centre du chapiteau, en robe de soirée violette qu'on dirait sortie d'un plan de Roman Polanski. Pas besoin de ça pour mettre en valeur sa plastique irréprochable. Sa voix n'est pas mal non plus, grave, un peu voilée. Elle mime les paroles de Something better, une chanson de Barry Mann et Gerry Goffin pour un SP destiné à promouvoir le prochain album. La flip side est Sister morphine, mais la frangine amorphe ne sortira pas ce soir. C'est une créature vénéneuse. Au Royaume Uni on ne badine pas avec les psychotropes, ils restent dans des flacons au verre fumé, remisés au fond des officines. En 1971, la chanson réapparaîtra au beau milieu de la face B de Sticky Fingers. Exit sister Marianne, privée de ses droits de co-auteur qu'elle récupérera un peu plus tard.
( à suivre )
dimanche 18 décembre 2016
samedi 17 décembre 2016
vendredi 16 décembre 2016
Revu l'autre soir No direction home, le film de M.Scorsese sur Bob Dylan, très beau travail sur les jeunes années de notre little white wonder. Woody Guthrie sur son lit d'hôpital, Greenwich Village, Odetta, Maria Muldaur, Joan Baez, le café Wha?, Allen Ginsberg, Lawrence Ferlinghetti, Mike Bloomfield, Al Kooper qui s'installe à l'orgue pour Like a RS et accouche de ce son incroyable, tout ça donne le vertige. Bien sûr, Bobby voit midi à sa porte et ne dit pas un mot de ses voisins de quartier, Lou Reed et Andy Warhol, l'hydre Fugs à trois têtes Ed Sanders-Tuli Kupferberg-Ken Weaver, Frank Zappa et ses Perverses Mémères, etc. Tout ça est bien beau et émouvant et je sais tout ce que je dois à Bob Dylan, la poésie, l'américain dans le texte, l'anti-star system et une charte capillaire et vestimentaire qui a du faire rêver même les plus grands, n'est-ce pas Jack White ? Je me rappelle aussi qu'un jour de juin 1970, lors de ma deuxième tentative pour obtenir le "bac à lauréat", voulant tenter un coup dans l'épreuve de philosophie, je crus faire le bon choix en couchant dans ma copie un vers de Visions of Johanna. Mauvaise idée, ou correcteur type Newport 65, fan du Dylan folksinger, toujours est-il que ma note fut rédhibitoire et que je ne fus pas lauréat. P.S j'ai quand même cité un prix Nobel 46 ans avant tout le monde !
jeudi 15 décembre 2016
mercredi 14 décembre 2016
JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (14)
Lettre à Paul Gauguin (sans date)
Merci de m'avoir de nouveau écrit mon cher ami et soyez assuré que depuis mon retour j'ai pensé à vous tous les jours. Je ne suis resté à Paris que trois jours et le bruit, etc., parisien me faisant une bien mauvaise impression, j'ai jugé prudent pour ma tête de ficher le camp pour la campagne, sans cela j'aurais bien vite couru chez vous. Et cela me fait énormément plaisir que vous dites que le portrait d'Arlésienne, fondé rigoureusement sur votre dessin, vous a plu.
J'ai cherché à être fidèle à votre dessin respectueusement et pourtant prenant la liberté d'interpréter par le moyen d'une couleur dans le caractère sobre et le style du dessin en question.
C'est une synthèse d'Arlésienne si vous voulez ; comme les synthèses d'Arlésiennes sont rares, prenez cela comme œuvre de vous et de moi, comme résumé de nos mois de travail ensemble.
Pour le faire j'ai payé pour ma part encore d'un mois de maladie, mais aussi je sais que c'est une toile qui sera comprise par vous, moi, et de rares autres, comme nous voudrions qu'on comprenne. Ici mon ami le Dr Gachet y est après deux, trois hésitations venu tout à fait et dit : « Comme c'est difficile d'être simple » Bon - je vais encore souligner la chose en la gravant à l'eau-forte, cette chose-là, puis basta. L'aura qui voudra.
Avez-vous aussi vu les oliviers ? Maintenant j'ai un portrait du Dr Gachet à expression navrée de notre temps. Si vous voulez, quelque chose comme vous disiez de votre Christ au jardin des oliviers, pas destiné à être comprise, mais enfin jusque-là je vous suis et mon frère saisit bien cette nuance. (...)
C'est une synthèse d'Arlésienne si vous voulez ; comme les synthèses d'Arlésiennes sont rares, prenez cela comme œuvre de vous et de moi, comme résumé de nos mois de travail ensemble.
Pour le faire j'ai payé pour ma part encore d'un mois de maladie, mais aussi je sais que c'est une toile qui sera comprise par vous, moi, et de rares autres, comme nous voudrions qu'on comprenne. Ici mon ami le Dr Gachet y est après deux, trois hésitations venu tout à fait et dit : « Comme c'est difficile d'être simple » Bon - je vais encore souligner la chose en la gravant à l'eau-forte, cette chose-là, puis basta. L'aura qui voudra.
Avez-vous aussi vu les oliviers ? Maintenant j'ai un portrait du Dr Gachet à expression navrée de notre temps. Si vous voulez, quelque chose comme vous disiez de votre Christ au jardin des oliviers, pas destiné à être comprise, mais enfin jusque-là je vous suis et mon frère saisit bien cette nuance. (...)
( à suivre )
mardi 13 décembre 2016
lundi 12 décembre 2016
ROCK EN DÉCEMBRE (2)
Les invités suivants sont THE WHO, qui paraît-il seraient responsables de la sortie tardive de ce film, au motif que leur prestation scénique ferait de l'ombre aux Rolling Stones. Commérages, bruits de coulisses, tout ça reste à prouver. Ce soir, ils présentent leur pièce montée pré-Tommy, A quick one while he's away. Musicalement, c'est une chanson à fragmentation. Ça commence doucement, on dirait une comptine pour enfants, et puis de break en break, ça prend une tournure moins paisible. Pete Townshend met à contribution successivement, son épaule droite, ses cervicales et ses genoux, Roger Daltrey ses deux crucifix et son fil de micro, mais c'est surtout Keith Moon qui inquiète. Son port de tête, son port de baguettes, son discernement, tout semble altéré, or bizarre- ment ça ne s'entend pas. Il tisse une toile d'araignée géante autour de la chanson, tout en la dévorant de l'intérieur, mais rien ne s'écroule. Au contraire, elle - la chanson - enfle de toutes parts mais reste debout, solidement harnachée par cet édifice métallique qui la renforce sans l'alourdir, qui la recouvre sans l'enlaidir. Au bout de 7 mn, le Moon kit, qui est équipé d'une sécurité incendie, finit par s'activer et Keith finit trempé, illuminé, hilare. Le dernier mot revient à Pete : « You are forgiven ». Mais de quoi donc, Jésus Marie ??...
( à suivre )
dimanche 11 décembre 2016
Cher Gai-Luron,
Suite à la très triste nouvelle que nous avons sue il y a quelques jours, je
t'adresse mes plus sincères condoléances pour la mort de ton papa Gotlib.
Nos pères n'étaient pas de la même génération, de même origine, ils n'étaient
pas nés sur la même terre, mais ils nous ont enfantés et dessinés dans une
communauté d'esprit si étroite que je t'ai toujours considéré comme un frère.
Bien sûr, nous ne nous sommes croisés qu'une fois ou deux, vu que Marcel
était beaucoup plus jeune que mon Daddy Tex Avery. J'étais déjà gros chien
quand tu es né en 1965 et plus porté sur les chansons de Bob Dylan que sur
la BD française transgressive. Ce n'est que plus tard, quand le punk est arrivé,
que j'ai eu l'occasion de lire tes albums et j'ai tout de suite adoré ta tristesse
communicative et ton attitude tendrement désabusée face aux vicissitudes
de la condition canine.
Sois certain que Marcel restera pour toujours dans mon cœur. C'est lui qui m'a
donné le courage d'assumer ma substantifique mélancolie après la mort de Tex,
et surtout c'est lui qui t'a créé, comme tu sais, à mon image. Tu es mon frère.
J'espère que tu n'as pas eu à en pâtir. Si c'est le cas, s'il te plaît ouvre-t'en à
moi et voyons-nous pour nous attrister ensemble.
Je te laisse en te renouvelant toute mon empathie de larmes salées.
Porte-toi au mieux pour les jours qui viennent.
Ton frère de race et d'oreilles tombantes,
Droopy
vendredi 9 décembre 2016
jeudi 8 décembre 2016
mercredi 7 décembre 2016
JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (13)
Lettre à Théo (14 juin 1890)
Enfin j'ai reçu des nouvelles quant à mes meubles, l'homme où ils sont, a été malade tout le temps, ayant reçu un coup de corne d'un taureau en aidant à les débarquer. Donc sa femme m'écrit que c'était pour cela que du jour au lendemain ils l'avaient remis, mais que samedi, donc aujourd'hui, on les enverrait ; ils n'ont pas de chance, la femme ayant été malade aussi et n'étant pas encore complètement guérie, il n'y avait d'ailleurs pas un mot de reproche dans la lettre, mais que cela leur avait fait de la peine, que je n'étais pas venu les voir avant de partir ; cela m'a fait de la peine à moi aussi.
Ci-inclus je dois t'envoyer une commande de quelques couleurs.
J'ai encore une étude qui est dans le genre de la moisson, qui se trouve chez toi dans la chambre où est le piano. Des champs vus d'une hauteur, avec une route sur laquelle est une petite voiture ; actuellement je travaille à un champ de coquelicots dans de la luzerne. Et j'ai une étude de vigne, que M.Gachet aimait beaucoup la dernière fois qu'il est venu voir. Pour le moment je n'ai rien d'autre à dire, il est venu une lettre de la mère, qui avait été à Nuenen et languit beaucoup de vous voir arriver et de voir le petit.
Je vous serre bien la main à tous deux.
J'ai encore une étude qui est dans le genre de la moisson, qui se trouve chez toi dans la chambre où est le piano. Des champs vus d'une hauteur, avec une route sur laquelle est une petite voiture ; actuellement je travaille à un champ de coquelicots dans de la luzerne. Et j'ai une étude de vigne, que M.Gachet aimait beaucoup la dernière fois qu'il est venu voir. Pour le moment je n'ai rien d'autre à dire, il est venu une lettre de la mère, qui avait été à Nuenen et languit beaucoup de vous voir arriver et de voir le petit.
Je vous serre bien la main à tous deux.
t. à t.
Vincent.
lundi 5 décembre 2016
ROCK EN DÉCEMBRE (1)
C'est dans un studio TV de Wembley qu'on a dressé le chapiteau. Après les préambules d'usage dans tous les cirques, les premiers à fouler la piste sont les bohémiens de Jethro Tull. En ces temps de turbulences, Ian Anderson et ses acolytes sont des débutants. Leur premier album est à peine sorti depuis un mois, que Mick Abrahams, guitariste et co-auteur compositeur du groupe s'est déjà fait la malle. C'est Tommy Iommi qui assure l'intérim. Dommage. Tant pis. Pour l'occasion, ils ont choisi de jouer Song for Jeffrey, en play back. Parfait. Tant mieux. On peut ainsi se concentrer sur leur jeu de scène. Et c'est Ian Anderson qui s'y colle, barbe fleurie et œil qui frise, fagoté comme un faune londonien dans son manteau grand patron. Il grimace en se désarticulant, en équilibre sur une patte tel un flamand plus très rose qui aurait versé dans le caniveau. Glenn Cornick, le bassiste avec l'harmonica, ne dénote pas avec son chapeau melon pré-Orange Mécanique et sa Fender qui aurait vécu dix-sept vies. Reste Clive Bunker qui bat la mesure coiffé d'un chapeau datant de l'ère victorienne, et vous avez une petite idée de l'image de défavorisés sociaux que dégage l'ensemble. Tout ça n'est qu'un leurre. Leur musique est idéalement structurée, une vibration joyeuse qui voyage sur un fil tendu entre blues, jazz, rock, etc ><
( à suivre )
samedi 3 décembre 2016
vendredi 2 décembre 2016
> t'as les traits tirés
- oui, je suis très occupé
> quoi donc de si prenant ?
- je m'occupe des miettes
> des miettes ?
- oui et puis je coupe du carton
> et c'est fatiguant tout ça ?
- plus qu'on croit
> et à part ces tâches très physiques...
- je lis cinq ou six pages de Mabanckou
> 5 ou 6 pages... à la fois ?... à l'heure ?
- non, par jour, c'est épuisant, faut faire des pauses
> à ce point-là ?
- oui, imagine Céline au Congo couvant le chikungunya
> ah ouais, c'est brutal
- oui, je suis très occupé
> quoi donc de si prenant ?
- je m'occupe des miettes
> des miettes ?
- oui et puis je coupe du carton
> et c'est fatiguant tout ça ?
- plus qu'on croit
> et à part ces tâches très physiques...
- je lis cinq ou six pages de Mabanckou
> 5 ou 6 pages... à la fois ?... à l'heure ?
- non, par jour, c'est épuisant, faut faire des pauses
> à ce point-là ?
- oui, imagine Céline au Congo couvant le chikungunya
> ah ouais, c'est brutal
jeudi 1 décembre 2016
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