SI TONTON EN AVAIT PAS EU (2)
Fin 1969 avec le vol X, on quitte le divin pour revenir dans une dimension plus
humaine ; d'abord, il n'y a que neuf chansons et parmi celles-ci, aucune
requête pour être enterré, dispersé, disséminé. L'artiste est un peu en
délicatesse avec sa muse au point qu'il met en musique deux poèmes de son
choix, Les oiseaux de passage de Jean Richepin et Pensées des morts
de Lamartine. Dans le dernier morceau du disque, Sale petit bonhomme, il en fait même l'aveu : « si, pour renouveler un peu mon répertoire, je n'avais
besoin de chansons ». Il n'en reste pas moins plusieurs pépites,
comme L'ancêtre, Rien à jeter, Misogynie à part et mes
deux préférées, Bécassine et La rose, la bouteille et la poignée de
main ; deux mélodies qu'on trouverait somptueuses de la part de n'importe
quel autre musicien, mais qui sortant de la guitare du grand Georges semblent
normales, comme si les textes se suffisaient à eux-même et n'avaient besoin
d'aucun écrin. Bécassine renouvelle le thème des Sabots d'Hélène,
mais la musique et la poésie arcimboldesque des trois couplets la hissent très
au-dessus du lot. Quel lot ? Celui des chansons qui n'ont pas leur
pareille. La concurrence reste bouche bée, en panne d'inspiration mais pas
d'admiration. Quant à La rose, la bouteille et la poignée de main, c'est
l'auberge espagnole, vous y trouverez tout ce que vous voudrez, à condition
d'apporter votre oreille ; on pourrait même y décrypter la vision prémonitoire d'un casse-toi
pauv' con qui volera dans
les travées du Salon de l'Agriculture quelques années plus tard...
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