SI TONTON EN AVAIT PAS EU (1)
En 1966, Georges Brassens a quarante-cinq ans
; ou a eu 45 ans ; ou encore aura 45 ans. Le temps ne fait rien à l'affaire. Où
que se trouve le curseur, il n'a aucun effet sur le propos qui est : l'homo
erectus au travail. Donc en 66, GB enregistre le volume IX, en chiffres romains car le sétois reste un indéfectible méditerranéen. Onze chansons sur ce
numéro neuf, dont une de plus de sept minutes qui compte pour deux. Le
leitmotiv est la mort, pas moins de six chansons en font le portrait : La
supplique pour être enterré à la plage de Sète, Le fantôme, La
fessée, Le bulletin de santé, Le grand chêne, Le
moyenâgeux ; deux parlent de l'amour et des proches : Les quatre
bacheliers et La non-demande en mariage ; trois enfin sur la vie
sociale et les petits métiers : Concurrence déloyale, L'épave et Le
pluriel. C'est dans cette dernière qu'on trouve la réponse à la question
qu'aucun journaliste n'osa jamais poser à tonton Georges : Beatles ou Rolling
Stones ??... « dès qu'on est plus de quatre,
on est une bande de cons »... j'crois qu'c'est clair ! Au fil des ans, cet opus a concentré le génie littéraire et musical de son
auteur, comme la mer morte siècle après siècle, augmentant inexorablement sa
concentration en chlorure de sodium. J'ai écouté ce disque jusqu'à plus soif,
dans le but inavoué ( inavouable ? ) d'en trouver le maillon faible, d'isoler la
chanson qui dénoterait dans l'environnement artistique constitué par
cet assemblage artisanal de mots et de notes, de rythmes et de rimes. J'avoue
que je n'en trouve pas et mon sentiment est le même que celui que j'ai éprouvé
quand je l'ai découvert à l'origine : une perfection proche de l'absolu, dans les textes et la musique. Autant chercher une anguille dans une
boîte de batraciens.
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