samedi 30 janvier 2021

« Ne bougez pas Monsieur, les secours vont arriver ». Sur le trottoir, une femme se mord la main. « Tout va bien » lui dis-je en descendant la branche maîtresse et en me laissant glisser le long du tronc de ce beau tilleul. J’atterris à ses pieds. Elle pousse un petit cri et fait un écart. De l'autre côté de la rue, un attroupement s'est formé. Comme d'habitude à cette heure du jour dans les lieux publics. Ces gens me prennent pour un singe échappé d'une cage qu'un gardien étourdi, supposent-ils, a dû fermer mal. Pas de temps à perdre en vains bavardages. J'agrippe une grande grille forgée haute d'un étage et de là m'élance dans un pin bleu. Sous mes yeux, un parc qui borde la voie ferrée du Marin Brun. Des cèdres, un saule redingote et au fond, l'entrée d'un tunnel. Je vois tout, mais la sirène d'une ambulance me ramène à la réalité. Ce parc est celui d'un hôpital. Un autre véhicule de secours arrive, suivi d'un camion de pompiers. Sons et lumières bleues, oranges avec du rouge, du blanc. Ça recommence. Me livrer à leurs camisoles, textiles ou chimiques ? Non. Je n'ai pas volé toute une vie dans les arbres pour me résoudre à déambuler le nez sur des vitrines, le cul sur des banquettes. Liberté surveillée, en France comme ailleurs, mais liberté inaliénable. Une fois de plus, je vais décliner mon identité, donner des gages de civisme et de respectabilité. Et si ça ne suffit pas, j'irai chercher ma botte secrète, cette photo avec Peter Lorre prise à Fresno, dédicacée "To my friend, the flying frenchie".

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