vendredi 5 janvier 2018

LA VIE CONJUGUE MAL (1)

Longtemps, je ne connus pas le jour et l'heure de ma naissance. Il me fallut attendre d'avoir six ans et de savoir parler pour interroger ma mère et avoir enfin une réponse. Auparavant, je lui avais posé d'autres questions par écrit, dont celle de savoir si j'avais eu une sœur. Elle m'avait répondu que non, c'était un frère et que ma sœur était dans ma tête. « C'est ça, crois le ! » me répétais-je avec un sentiment d'injustice, car presque tous mes copains avaient une sœur et d'un autre côté je déplorais un manque de réussite ou de chance, persuadé que je n'avais pu lire le jour de ma naissance sur le calendrier mural de la maternité à cause du traumatisme de l'accouchement (j'étais un gros bébé, difficile à extraire), mais là je reviens à ma première question, excusez-moi. Bref, ce n'est que vers l'âge de 55 ans que je voulus lever le voile sur la conception de mon frère, et de ma sœur, je n'en démordais pas. Voulant y voir plus clair, car je sentais que tout cela prenait une mauvaise tournure, je remis donc le sujet sur le tapis rouge du sang de nos mères, en l'occurrence la mienne, et lui posai clairement la question. Je savais que c'était la dernière occasion, qu'il n'y aurait pas de prochaine fois. Elle ne répondit pas complètement, et de façon sibylline. Ce n'est qu'après sa mort que j'ai compris ce qu'elle n'avait pas voulu dire.

1 commentaire:

  1. intéressante question de la sororité non loin de la sonorité qui conduit à la musique ... J'ai eu une autre histoire de sœur, car ma sœur ce devait être moi, m'a-t-on dit, aurait-il fallu me le dire. A la différence de toi, j'aurais préféré ne pas savoir et j'étais plutôt intrigué par les miroirs de la coiffeuse qui mettaient les images en abîme ... et ma question était ce qu'il y avait de l'autre côté du miroir ...

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