mardi 9 juillet 2013

FRAGMENTS D'UN MANIFESTE CANIN (31)

Les chiens s'en foutent, mais les humains non. Ils veulent savoir ce qu'on pense d'eux. Ils sont friands de renseignements généraux, mais se méfient de leur race et préfèrent un regard extérieur porté sur leur comportement. Faute de pouvoir recueillir celui des chiens en général, ils questionnent alors les chiens parlants. Pas plus tard qu'y a pas longtemps, un bel aryen auvergnat me mettait à l'aise : « parle franchement, me lustrait-il dans le sens du poil, c'est pour un sondage anonyme ». Je me laissai donc aller à quelques confidences. Quand je lui dis que je trouvais ses congénères agressifs, peu respectueux d'autrui, il sourit, façon de dire : ça ne compte pas, c'est un jeu de rôle qui fait partie de notre patrimoine génétique. Quand j'ajoutai que les humains avaient souvent un vilain penchant pour la pratique du culte de la personnalité, il m'a dit que je tombais dans la caricature. Je m'abstins donc de lui parler du petit père des peuples, du grand timonier et de quelques autres individus que je gardais sous le coude pour qu'il sache que je n'étais pas sot. Mais c'est quand je lui ai dit que sa race était tombée bien bas en se vautrant dans la religion comme un éléphant dans la boue, qu'il s'est énervé et m'a dit d'aller faire les poubelles comme mes frères. L'opium du peuple a des effets secondaires redoutables.

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