BODY AND SOUL (4)
The Rolling Stones : Ventilator blues : une chanson placée en plein cœur de la première face du deuxième disque formant Exile on
main street, bien calée entre Turd on the run et I just want to see his
face. Est-ce dû à cet environnement western-gospelien, toujours est-il que
ce morceau innove grave, dans la forme et dans l'esprit. Un blues oui, cela
n'est pas douteux, mais pas un blues comme les autres. Rien ici pour se
souvenir de la poussière des chemins du Deep South. D'ailleurs, le voudrait-il
que ledit ventilateur la disperserait pour faire place nette à un son. Oui,
tout simplement un son, perfectible sur bien des points, mais un son nouveau.
Nouveau comment, ça m’est difficile de vous l’expliquer. Tout se passe comme si
les Rolling Stones avaient découvert quelque chose dans le sous-sol de la villa
de Keith Richard à Saint-Jean-Cap-Ferrat et qu’ils l’avaient utilisé à des
fins artistiques pour l’enregistrement de ce disque. Le résultat ne peut pas
être explicité, mais seulement ressenti. Comme dans la plupart des dix-sept
autres titres de l'album, l'auditeur a la sensation que Ventilator blues a tapé
dans le mille et rafle la mise par son
intuition première. Mais ce n'est qu'une impression, car ce ne sont pas
quelques heures ou quelques jours, mais des semaines et des mois qui furent nécessaires pour mettre en
boîte ces 3 minutes et 24 secondes de jubilation harmonique. Pour faire le lien
avec les disques précédents, on pourrait qualifier cette chanson de Gimme
shelter survitaminée. Par rapport à cette dernière, qui ouvrait LET IT BLEED, plusieurs choses sont montées d'un ou plusieurs crans. La prise de son et le mix, qui étaient les points faibles de Gimme
shelter, mais aussi les chœurs, la dynamique d'ensemble et la guitare, si vous voyez ce que je veux dire. Deux ans après son
arrivée, Mick Taylor est au top, Mick Jagger lui non plus n'ira pas plus haut
et Charlie Watts confirme une fois de plus l'adage selon lequel il n'est pas de
grand groupe sans un grand batteur. Tout le reste vous est donné de surcroît :
la section de cuivres, le vieux Bill à la basse, Keith Richard au tuning,
Nicky Hopkins au piano et Jimmy Miller qui pousse les curseurs. Le chant, l'instrumentation et le traitement du son propulsent
rapidement la chanson hors du champ du blues, la catapultent dans les hautes
sphères d'où elle ne retombera que très lentement et très loin du lieu de
l'éruption... So, is it a ventilator blues or a volcano blues ??... un peu des deux, ladies and gentlemen, car qu'est ce donc qu'un volcan si ce
n'est un gigantesque ventilateur ?
Extrait de Musique pour Escalator
© Phil.Flesch et D.Goldman 2012
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