mercredi 14 novembre 2012

FRAGMENTS D'UN MANIFESTE CANIN (5)

Dès mon plus jeune âge, ma mère fit en sorte que ma soit-disant appartenance canine soit tue. Je lui en parlai très tôt, mais elle apportait très peu de crédit à mes dires, en raison de mon apparence tout à fait normale. La parole, l'absence d’appétence à l'os à moelle et un odorat très peu développé lui faisait penser que j'affabulais. À l'école, ce fut facile. Ma timidité et les prémices d'une indolence devenue ma marque de fabrique firent qu'aucun de mes maîtres n'eut de doute sur mon identité. À la maison, pas de problème non plus, j'étais souvent seul. Les difficultés apparurent quand se posa la question de trotter de mes propres pattes. Vers l'âge de cinq ans, trente à trente-cinq ans en EAH [Équivalent Âge Humain], je pris la décision d'utiliser mon atout principal, à savoir cette tête de chien battu qui prenait mauvaise tournure (ou bonne, suivant l'usage), sans toutefois mettre le doute sur mon intégration dans la société des humains au travail. Mes chefs et compagnons d'entreprise virent vite le profit qu'ils pouvaient en tirer et je fus nommé dog éponge. Dog éponge est le nom que je donnai à cet emploi. Eux le nommaient facilitateur de soupape. Après deux ans en qualité de FS 1er puis 2ème échelon, j'accédai à mon bâton de maréchal, la fonction, le titre et la rémunération (!) de dog émissaire. Je m'y sentis bien, non pas parce que cela me plaisait, mais parce que cela correspondait à l'accomplissement de mon PUCK (Positive Universal Canine Karma).

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