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dimanche 23 septembre 2012

MY BOURGEOISIE ACHES (3)

L'histoire d'Ernesto Guevara n'est que la mise en pratique de cet idéal. Nommé successivement par Fidel Castro directeur de la Banque Nationale de Cuba, ministre de la réforme agraire et ministre de l'industrie, il a passé plus de temps à balayer les chiottes du pouvoir qu'à mettre à profit son statut de bras droit de Fidel. Après avoir dénoncé publiquement l'inféodation des pays pauvres à la puissance américaine et soviétique, ce qui lui valut sa mise à l'écart par Castro début 65, il a incarné et défendu la cause de la révolution populaire et tiers-mondiste. Si Alain Souchon ne connait pas cet aspect de la vie du Che, il pourra lire "Passages de la guerre révolutionnaire : le Congo" de 1965 ou "Journal de Bolivie" de 1967. Libre à lui de ne voir que le revers de la médaille, de ne retenir que la violence du personnage, son rôle dans l'exécution des opposants lors des purges post-révolutionnaires. Les autres - et ils sont nombreux à travers le monde - se souviendront de la violence tout aussi grande qu'il s'est infligée à lui-même, au point d'abandonner le pouvoir pour se fourvoyer dans des galères inconcevables. Qui peut aujourd'hui imaginer qu'un homme d'état, reconnu comme tel par les politiques et les intellectuels du monde entier, puisse aller s'enferrer volontairement dans des combats empreints de mysticisme, en pleine brousse africaine ou dans la montagne bolivienne ? Aucun autre homme politique contemporain n'a mis ses actes en conformité avec ses idées de façon aussi radicale. Pourquoi Popopo est un honteux ratage ? Parce que ça sonne le creux, ça sent l'artifice. Abd Al Malik lui, a mis dans le mille en une seule phrase dans sa chanson intitulée La gravité : avoir mal à la bourgeoisie, comme Che Guevara... Tout le monde sait que l'homme au béret étoilé était asthmatique au dernier degré, mais ça n'éclaire pas son parcours. Le fait qu'il avait mal à cet endroit-là, si. Et ça, ce n'est pas sur internet que vous le trouverez.

samedi 22 septembre 2012

MY BOURGEOISIE ACHES (2)

Quant à Écoutez d'où ma peine vient, c'est pas difficile, elle vient de la dernière chanson. Les autres sont dans la veine habituelle de la Souche. Rêveurs et Les saisons sont plaisantes. Écoutez... est une pépite. Finesse, musicalité, humilité, elle a tout pour elle. Elle danse rappelle C'est déjà ça, qui était au top. 8 m² est bien faite. La compagnie et Bonjour tristesse ne sont pas dans le chant du présent, un peu hors sujet pourrait-on dire. Mais le sujet on s'en fout, ce qui compte c'est le verbe, celui que conjugue Abd Al Malik. À mon sens, Parachute doré est le meilleur morceau. Le propos est limpide, la cible clairement identifiée et pour le coup, on participerait volontiers à la curée médiatique en collant un bon coup de pied dans le ventre à ces enfoirés de grands patrons, même à terre ! Hélas, pour clore l'opus souchi, il y a Popopo. Autant désigner à la vindicte populaire les gros vers blancs du CAC 40 amusera tout le monde, excepté une poignée d'oligarques, autant passer le Che à la moulinette du presse-icône est une idée qui méritait réflexion. Le résultat est une chanson déplacée. Pis que ça, affligeante, sauf la musique, qui est de Lolo Voulzy. Mais le texte ! Déjà, ça commence mal : allons faire un tour sur internet voir si ce guérillero était vraiment le mec net... le ton n'est pas juste, il y a de l'arbitraire dans l'air. Le pire des partis pris règne en maître sur cet exercice de style, écrit pour épater la galerie. Après, on tombe carrément dans l'imagerie d'Épinal, made in Habana : le pistolet sur la tête du fonctionnaire bête, du paysan analphabète, ce héros romantique aimait le petit déclic et l'efficacité des armes automatiques... réduire Che Guevara à un tortionnaire cynique, laisser entendre qu'il se serait comporté comme un dignitaire nazi pendant l'occupation est mensonger et diffamatoire. Pas besoin d'internet pour être convaincu du contraire. Que la terreur et l'épuration aient entaché la révolution française et l'avènement des bolcheviks en Russie n'est pas douteux, mais cela n'autorise pas le parallèle avec la révolution cubaine qui fut artisanale, faite avec des bouts de ficelle. Une aventure menée à bien par des théoriciens de l'action politique, des amateurs avec idéal. Ou alors ce n'était qu'un rêve.

vendredi 21 septembre 2012

MY BOURGEOISIE ACHES (1)

Nowadays, the young man... he got... NOTHING !! Pourquoi l'intro de Young man blues, déclamée par Roger Daltrey un peu comme celle de The soft parade par Jim Morrison, me traverse-t-elle soudain l'esprit ? Impossible à dire. Un bruit, une odeur, une résurgence limbique, une image subliminale. Ou alors une apostrophe, une prière, une imprécation, me catapultant au milieu du refrain de Shakin' all over, en plein Live at Leeds. Fantastique interprétation des chansons de Mose Allison et de Johnny Kid, qui relègue au troisième plan - voire au quatrième - le fait de savoir si ce disque fut oui ou non enregistré en public. Peu importe le salon, pourvu qu'on ait la fresque. Sur ce point, aucun doute, Live at Leeds est le Lascaux du R&R, la grotte Cosquer de la fière Albion ! Mais au lieu d'enfoncer les grottes ouvertes, parlons du présent. Qu'est-ce que le présent, sinon le futur d'hier. Effet collatéral de la crise de 2008 ou ascétisme librement consenti, toujours est-il que j'écoute un peu moins de disques - en quantité - mais plus assidûment. Pour un voyage de 500 kilomètres, deux ou trois CD me suffisent. L'autre jour par exemple, Gibraltar d'Abd Al Malik, les Rita Mitsouko Variety et Écoutez d'où ma peine vient d'Alain Souchon. Que du français pour une fois. Gibraltar est un bon disque. Quinze titres homogènes, avec des hauts et des - faux - plats, mais pas de bas. Soldat de plomb est un haut : tout maigre dans ma grosse veste qui me servait d'armure... j'avais du shit dans mes chaussettes et je faisais dans mon... pan-ta-lon. Un autre haut est Mourir à 30 ans ou M'effacer. Il y a aussi Je regarderai pour toi les étoiles et son petit Mohamed qui est le pendant de la "p'tite beauté" de Jacques Higelin (24.9.90) et Gibraltar avec ses poussées de fièvre et son rythme implacable. La musique est là, et pas qu'un peu, pas en vedette américaine. Le jazz des virées et la java des cités. Claude Nougaro aurait goûté, mais c'est trop tard, il sirote son pastis par les orbites.