lundi 6 décembre 2021

La maison natale de Victor Hugo, je sais où elle est, je suis passé devant maintes fois, sans émotion particulière. Ce n'est pas un auteur auquel je pense. Je n'ai jamais eu envie d'en savoir plus que 1802, Napoléon le Petit, 1885 et le Panthéon. Pour René Daumal c'est différent. De passage à Charleville, j'avais fait le détour pour voir Boulzicourt. Rien de spécial, un village sans charme, traversé par une route bordée de maisons basses. L'envie était forte de frapper à une porte pour demander si la maison natale de RD était encore debout, fut-ce au bord de cette morne RD. J'y retournerais volontiers, accompagné d'un inconditionnel du Contre-ciel, mais ce sont des heures de route. Avant ça, j'avais cherché le bâtiment où fut hébergé Antonin Artaud à Ivry à sa sortie de l'asile psychiatrique de Rodez. Les maigres indices que j'avais recueillis ne m'avaient pas permis de l'identifier. Sans doute n'était-il plus reconnaissable, comme Artaud le Mômo après une séance d'électrochocs. Ces échecs domestiques, ces foyers éteints jusque dans les mémoires me laissent dans la frustration. Alors quand j'apprends que Samuel Beckett a séjourné à l'hôtel du Beaujolais à Vichy, je veux voir ce qu'il en reste. De l’hôtel, pas de Samuel. Lui je le vois souvent, en pensées et en mots. Et si avec un père OPJ je n'arrive pas à mener à bien cette enquête, je n'aurai plus qu'à me clochardiser, au sens rimbaldien du terme, tel Molloy au bord de son chemin de grande communication déclassé.

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