mardi 14 décembre 2021

LIBERTÉ ÉGALITÉ SORORITÉ (18) 
 
Mes chères amies, souvent je vous croise, au hasard de mes pérégrinations et souvent la tristesse me gagne. Vous claudiquez mais sans ostentation, c'est beau. Perdre l'équilibre, glisser sur un trottoir qui se dérobe sont des pensées qui vous habitent, ce n'est pas une illusion ou une construction mentale je le sens bien. Mais ce sont surtout vos petites mines, votre peau affadie qui me font de la peine. Votre fraîcheur s'est évanouie, évaporée au soleil de la barretabasse. Vos rides se sont creusées plus vite que le sillon de votre progéniture. Sous vos paupières ou derrière vos yeux mi-clos, je ne devine pas un assoupissement, mais l'amertume devant le cycle irrémédiable des saisons. Dans votre immobilisme, je crois lire un recul devant les petites jeunesses qui se sont installées dans le voisinage et dans votre silence un abandon, un renoncement  qui ne dit pas son nom. Cela ne devrait pas m'affecter à ce point, on me le répète et j'en ai bien conscience. Vous n'êtes que des maisons, je sais, mais mon cœur se fendille quand je vous vois dans cet état, ça va faire une petite fissure de plus sur votre façade. N'en prenez pas ombrage, c'est ma contribution au bâti de l'âme.

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