vendredi 29 mai 2020

LA VIE CONJUGUE MAL  (14)

Tout est superflu, le vide aurait suffi.
L'Emil a tapé dans le mille. Comment peut-on dire la condition humaine en peu de mots mieux qu'avec ces sept-là, cette virgule et ce point final. Pas sûr d'ailleurs que la virgule soit de Cioran, c'était plutôt un point. Mais elle est venue toute seule, alors je l'ai laissée. À présent, plus j'y pense, et c'est de plus en plus fréquent, et plus j'ai envie de remplacer le mot "vide" par le mot "néant".
Le vide me laisse insatisfait. Malgré les apparences, c'est un aspect du réel, caractérisé par l'absence de tout objet, de tout sujet, matière, etc. mais il suppose (impose) un état. Seulement ça, il est vrai, mais tout de même, ce n'est pas rien. Tandis que le néant... le nommer n'a pas de sens, lui adjoindre une représentation n'a pas lieu d'être. Dire le néant est l'abolir, lui manquer de respect. Il faut se contenter d'y penser, d'en amorcer le concept timidement, sans affect, et surtout veiller à ce que ce petit champ électrique ne quitte pas le cortex, qu'il ne se manifeste d'aucune manière, ni par la parole, ni par l'écriture ou toute autre forme d'expression connue à ce jour. C'est dire combien je contreviens aux principes que je viens d'énoncer, à quel point je transgresse les règles que j'ai pris soin d'établir. Voilà, j'en ai fini. Revenons à Cioran.
Tout est superflu. Le       aurait suffi.

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