vendredi 15 mai 2020

LA VIE CONJUGUE MAL  (13)

Les animaux sensibles, dont l'homme est la forme la plus complexe, excrètent le virus de la peur, c'est un mécanisme inné et naturel, indispensable à la survie de l'espèce. Ainsi résonnaient les sirènes de la communauté scientifique, jusqu'à ce qu'en 1979, un jeune casque bleu de la FINUL observe un gypaète d'une espèce endémique d’Éthiopie. Cet autodidacte féru de sciences et de natures mortes note que le bel oiseau sécrète une substance gélatineuse qui se solidifie en une excroissance au niveau des cervicales, une deuxième tête rudimentaire et orientée dans l'autre sens. Cette effigie de pâle occurrence, cette vigie qui regarde derrière, fait office de radar quand le gypaète se repose. Elle n'est opérationnelle que pendant la nuit et ne réagit qu'à l'émission de lumière ou de chaleur. Le moindre lux la fait tressaillir, un signal égaré du règne animal la tétanise. Elle exècre la différenciation entre les atomes du vivant et le halo des morts, elle jouit des ténèbres infinies. L'effet induit du rôle de gardien de nuit de cette tête de mort est que le gypaète glabre ne connait pas la peur. Il est le seul animal sensible connu à ce jour à être doté de ce pouvoir. Ce que je révèle ici n'est pas un secret absolu puisqu'il est partagé par trois personnes : S.Hexters, l'homme qui l'a découvert, E.Bellotto, le secrétaire qui a traduit son manuscrit de l'espéranto et votre serviteur, qui par excès de sympathie pour les secrétaires italiens, a recueilli ses confidences que personne n'a jamais pensé à susciter. Vous êtes le(s) quatrième(s)...

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