samedi 14 septembre 2019

Une nuit de 1982 ou 83, nous étions au cinéma à Paris, mon frère et moi, avec Guy et Marianne si ma mémoire est fidèle. Généralement, pour des épisodes d'apparence futile, elle l'est. Au programme, Alphaville. Nous regardions une image plus grande que nous et nos yeux étaient dirigés vers le haut, tout semblait donc conforme aux prescriptions du petit maître de la Nouvelle Vague. Mais à un moment donné, j'ai vu que mon frère baissait la tête, en mettant la main devant ses yeux. J'y repense parfois et je n'ai pas l'impression que Alphaville y soit pour grand chose, malgré des images plus noires que blanches, car l'action se déroule la nuit. Plutôt quelque querelle entre nous, comme dans n'importe quelle fratrie normalement constituée. Des années plus tard, j'ai eu le même réflexe dès le premier sketch (le premier volet ?) dans Unglorious Bastards. Là, tout se passe dans la campagne, les couleurs sont douces, la parole tinte comme un ruisseau dans les prés, mais pas le discours. La perversité de Quentin Tarantino, décuplée par sa virtuosité, m'ont convaincu de me tenir éloigné de cet artiste, une résolution qui tient toujours. S'il s'était agi de mon frère, ou d'Alain Souchon ou de John Lennon*, cela aurait été vite oublié, mais avec Tarantino c'est tout le contraire. Tout en lui m'est étranger. *trois artistes qui n'ont pas leur langue dans leur poche, ni dans leur joue.

2 commentaires:

  1. je me rappelle bien avoir été submergé par un torrent d'émotions que seule peut-être la matière de la lumière et la qualité des espaces décrits du film peuvent sembler expliquer. plus en relation avec le contexte global de ma vie à ce moment que de toute autre chose

    RépondreSupprimer
  2. il ne me semble pas que Marianne et Guy étaient avec nous à cette occasion

    RépondreSupprimer