dimanche 17 février 2019

C'était une girafe accessible, ou un girafon bien élevé, sociable et qui ne prenait pas ses pattes à son cou. Je la peignais avec du jaune, du noir de pygmée, du vert, mais pas de rouge, il ne fallait pas qu'elle bouge. Ma mission (en était-ce vraiment une, en tout cas je l'avais acceptée, sans en être prisonnier) était une tâche de longue haleine. Je ne devais surtout pas faire de tache, ce n'était pas un léopard. Certaines couleurs devaient être appliquées en couche épaisse pour éviter la dessiccation et d'autres en nombre impair pour respecter les croyances locales. Tout ça prenait beaucoup de temps et le temps jouait contre moi car la croissance des pattes d'un herbivore de la savane est supérieure à toute autre. Les pluies rares mais diluviennes diluaient mon travail et ruinaient mes plans. Les petites cornes faisaient le guet et la crinière s'étoffait. L'approvisionnement et la protection de l'eau, des pigments et des adjuvants étaient un souci permanent. La maintenance de l'échelle (ou de l'échafaudage) devenait une prise de tête. La cible était clairement identifiée, la girafe, mais c'est moi qui en avais plein le cou. À la fin, j'ai dû faire les choses à moitié car l'instrument lui-même est incertain dans ma mémoire. Je peignais la girafe c'est sûr, mais avec quoi ? Un peigne ou un pinceau ? Peut-être avec mes dents.

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