dimanche 20 janvier 2019

LA VIE CONJUGUE MAL  (6)

Je n'ai eu que deux oncles. Le premier était le frère aîné de mon père. Il est mort deux fois. Une première fois dans sa chair, très jeune, avant ma naissance je crois, je n'en suis même pas sûr. Mort aussi dans ma conscience, puisque personne ne m'a parlé de lui, ou si peu. Je n'ai de lui que quelques photos des années 30 et 40 et un tableau qu'il a peint. Le deuxième était le frère cadet de ma mère. Je me souviens de sa présence, du son de sa voix quand il était de bonne humeur, de son humour, de son côté fine gueule, de ses petits coups de gueule, de son emploi du temps chargé, de la marque de ses cigarettes et de ses voitures. Je me rappelle son goût pour les livres, les jeux de cartes, voire les cartes routières. Je sais aussi qu'il faisait partie de la classe qui n'avait pas été appelée sous les drapeaux mais que par la suite, il avait assuré ses tours de garde, dans un autre domaine. Je me suis parfois étonné de son détachement pour les choses de la musique, classique, jazz, chanson française, sans parler des yéyés ou de la variété, et de son retour à la nature et à la montagne quand il arrêta de travailler. Je me souviens de sa date de naissance et de la salle d'attente de la rue du capitaine Faure. Excepté leur prénom, mon père et lui n'avaient presque rien en commun. De leur vivant. À présent c'est différent.

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