dimanche 1 octobre 2017

LIBERTÉ ÉGALITÉ SORORITÉ (10)

Au lycée, dans la bande de potaches qui se réunissait parfois au café du coin, il y avait ce blond barbu, une sorte de gentil bûcheron scandinave, qui ressemblait un peu à Doug Clifford sur la pochette de Cosmo's Factory ou encore au Phil Collins de la grande époque Genesis. Son nom était Schwalm mais nous l'appelions Herrsch. Enfin, ils l'appelaient Herrsch, pas moi, ou alors par conformisme, par panurgisme. Un jour, j'avais pris un de la bande à part et lui avais demandé le pourquoi de ce surnom. Il m'avait ri au nez, genre « arrête avec tes questions idiotes ». Longtemps après à Montélimar, un de mes collègues de travail m'appelait Bruno. Je venais d'arriver et je n'avais pas envie de le démentir, de le décevoir, j'avais l'impression de passer directement du statut de nouvelle recrue à celui d'habitué de la maison. Cela dura deux ou trois semaines, un mois peut-être, jusqu'à ce que dans une conversation de groupe, quelqu'un s'en étonne et dise à Philippe qu'il me prenait pour quelqu'un d'autre. Il était un peu vexé, un peu fâché aussi. Je l'ignorais alors, mais quand Paul Simon rencontra Pierre Boulez, celui-ci l'appela Al pendant toute la soirée sans que le chanteur n'ose le reprendre. Il en fit plus tard une très belle chanson et n'a sûrement pas regretté d'avoir usurpé l'identité de cet inconnu(e) qui somnole en nous.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire