mercredi 13 avril 2016

FRAGMENTS D'UN MANIFESTE CANIN (74)

Extérieurement, je ne tremble pas et mes réflexes sont encore très bons. Chez un chien mélancolique et apathique, ce n'est pas si courant. Si je parle de réflexes, c'est parce que c'est un combat que nous, chiens parlants de la troisième génération, avons à cœur de mener contre les travaux de Pavlov et tout le tort qu'ils ont fait à nos frères et nos sœurs. Le savant russe n'est pas en cause, sa démarche était purement scientifique. Ce sont les applications de ses expériences qui nous ont nui. Depuis les années 30, les chiens ont servi de terrain d'expérimentation, de chair à paillasse. Bien sûr, ils ne sont pas les seuls, mais en tant que chien parlant, je ne peux pas me faire le porte-parole des perruches. Leur réputation de serviteurs privilégiés de l'humanité est attentatoire à la dignité canine. Et quelle preuve d'orgueil de la part d'homo sapiens de placer canis familiaris dans ce rôle subalterne alors que sa propre évolution et son comportement montrent qu'il est un primate bouffi de suffisance. Il suffit de voir les mécanismes utilisés dans la publicité. Faire saliver et provoquer les plus vils réflexes est un art qu'il maîtrise si bien que le nombre d'humains non conditionnés est inférieur à celui des chiens mal intentionnés. Contre mauvaise fortune, bons chiens sans crossover, sans sports d'hiver, non connectés.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire