lundi 21 mars 2016

BLACK MICK MAC (4)

When I'm sixty-four... Mac les joues pleines en a 66 depuis le 18 juin, il mesure 1,80m et ressemble au soyeux molleton d'une théière en excellent limoges : en arrivant sur la table, il vous réchauffera en paix dans un nuage de lait. Ses chansons seront souvent signées Lennon/McCartney, puis McCartney, mais il fera en sorte que chaque disque en héberge quelques-unes de ses autres compagnons. Sa générosité sera naturellement contrôlée par ses avocats. Depuis 1997, il est permis de l'appeler Sir Paul McCartney. Une fois, dans les années soixante, une pièce de Joe Orton lui a fait "mal au cul" et il a demandé à l'auteur le scénario d'un film. Orton écrivit un texte plein de meurtres et d'adultères, dans lequel l’archevêque était une folle, un travail drôle et plein de mauvais esprit. Marianne Faithfull dit : « les Stones auraient peut-être pu s'en tirer, mais pour les quatre enfants terribles cela aurait été un peu difficile ». Marianne a de la tendresse et de l'admiration pour Mac, mais c'est Mick qui l'excite et l'inquiète. Marianne a souvent failli mourir, mais elle sait vivre. Mick et Mac ont des maisons partout. Mais l'un, le rocker, vit plutôt dans son château de Touraine et apprécie Chopin et le vieux style. L'autre, le popman, vit dans sa ferme anglaise et aime Magritte et Stockhausen. Mick a eu sept enfants, Mac en a eu cinq, on dit qu'ils s'en sont bien occupés. Mick est d'une famille bourgeoise et plutôt cultivée du Kent. Mac est un gosse de prolétaires de Liverpool. Mais leurs images se sont volontairement inversées. Marianne Faithfull résume en évoquant leurs groupes : « les gens ont dit, ce qui est un peu vrai, que les Beatles étaient des voyous qui jouaient aux gentlemen, alors que les Stones étaient des gentlemen qui jouaient aux voyous, et c'est là que tout devient intéressant quand nous parlons musique ». Ou sexe, mais c'est la même chose : des guitares, des corps et des voix dans des draps. Le sexe est l'appro- bation de la vie jusque dans la mort et ces deux-là ont finalement survécu à tout, jusqu'à finir maintenant dans votre lit. Et vous savez que vous aurez besoin des deux pour épuiser tous les plaisirs de la clandestinité et du temps volontairement perdu.

© Philippe Lançon 2008  (à suivre)

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