lundi 14 mars 2016

BLACK MICK MAC (3)

Mick, lui, est avant tout parolier et bite de scène : sans énergie, tout s'effondre. Il est condamné à l'éternelle jeunesse et au Viagra gesticulant. Par quel miracle a-t-il généralement tenu dans sa taille de sale vieille guêpe ? Vous irez demander la recette magique à Dorian Gray ou chimique aux insectes roulants du Tour de France. En attendant, vous acceptez le constat : vous ne survivrez ni à la dentelle sonore de l'un, ni à la brutalité sexuelle de l'autre. Ils se complètent en vous. Ils vous enterreront. Mais de quelle façon ? Vous bandez. Il est temps de faire l'inventaire. Let me introduce myself... Mick les joues creuses a 65 ans depuis le 23 juillet, il mesure 1,68m sans talonnettes de scène et ressemble à un jockey sexuel en panoplie de Rascar Capac : en sortant de la vitrine, il vous emportera nu dans un feu électrique. Ses chansons sont toutes signées Jagger/Richards, même quand d'autres y ont mis la main : il contrôle tout, l'or du Pérou n'est que pour lui. Depuis 2002, il est permis de l'appeler Sir Mick Jagger. Un roman de Boulgakov, Le Maître et Marguerite, a été lu au Brésil en 1968. Marianne Faithfull l'accompagnait. Il en tira Sympathy for the Devil, qui rendait les fans destructeurs. À la mort de Brian Jones, il récita, dans Hyde Park, un poème, Adonaïs, que Shelley avait écrit en 1821, à la mort de Keats : « Je pleure Adonaïs / Adonaïs est mort ! Oh, pleurez Adonaïs, encore que nos larmes / ne fondent pas le gel sur sa tête si chère ! ». Puis il partit pour l'Australie sans aller à l'enterrement de celui qu'il avait éjecté.

© Philippe Lançon 2008  (à suivre)

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