lundi 2 février 2015

LIBERTÉ ÉGALITÉ SORORITÉ (1)

Un jour de 1997, en mai - je ne sais plus le jour mais je me souviens d'une conjonction de nombres impairs - j'entendis à la radio une chanson qui me fit l'effet d'une petite bombe. Son rythme syncopé avec de brusques chutes de tension suivies d'explosions mélodiques m'avait laissé coi. Cette époque n'était pas bonne. Rien n'allait vraiment bien, rien n'avait d'attrait, rien ne me consolait d'un mal que je n'arrivais pas à définir. Et tout se passait comme si - c'est ainsi que s'exprimait notre prof de physique chimie quand il avait atteint les limites de son magistère - cette chanson avait d'un seul coup mis à nu cette zone douloureuse, sans aller jusqu'à l'identifier, et mis du baume dessus. J'en parle à mon aise aujourd'hui, mais quand ce choc émotionnel se produisit, je n'en démêlai bien sûr aucun fil. Ce n'est qu'au fil des ans que j'arrivai à expliciter ce pouvoir magique de la musique que je n'avais jusqu'alors éprouvé que de façon empirique. Évidemment, la compréhension que j'en ai aujourd'hui n'a aucune valeur d'exemple, elle ne vaut que pour moi et je n'en parle à personne. Comme le soleil, la mort ne se laisse regarder en face. La musique si. On peut la dévisager, l'envisager. Pour l'écouter, la danser, la jouer, on peut être seul ou à deux, à dix, à mille, à des millions. C'est l'un des immenses pouvoirs du plus immatériel des arts.

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