lundi 23 février 2015

FRAGMENTS D'UN MANIFESTE CANIN (66)

Est-ce le propre du chien, comme le rire est le propre de l'homme, mais je ne peux m'empêcher de m'attacher à des détails. Délaissant l'essentiel, l'utile, le profitable, je me perds dans des tâches extrêmement pusillanimes. Longtemps j'ai été incapable de dire pourquoi. Je le constatais, ou plutôt on le constatait pour moi. Depuis peu, peut-être depuis que ce manifeste canin a vu le jour, j'arrive à m'expliquer sur ce trait de caractère. En réalité, une lueur de lucidité m'est venue au sujet des questions existentielles, la condition canine, le statut de chien de garde ou d'agrément, l'avenir du chien dans la société humaine, etc. Ces questions n’appelant pas de réponse claire, j'ai considéré qu'elles ne valaient pas qu'on s'y attarde. Restent à gérer les affaires domestiques. Habitat, chauffage, travaux, locomotion, démarches et relations avec les organismes, souvenir des morts, etc. Je m'en charge sans me prendre la tête. Mais ce qui accapare mon esprit, c'est l’attrait pour le futile. Passant dans tel endroit de la ville, je me demande à quoi il ressemblait il y a cent ans, mille ans, un million d'années. Et ce volet clos, là au rez-de-chaussée, de quel arbre provient-il et quel menuisier l'a fabriqué, quelle était sa couleur d'origine, quel occupant l'a ouvert pour la première fois, au matin de quel jour ??...

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