mardi 22 avril 2014

Le béton bourdonne, l’accélération de la pesanteur varie de 5 à 10 g. Une demi-heure plus tard, quand claque l'intro de the punk and the godfather, l'arène n'est plus qu'une paillasse poisseuse d'humeurs et de chairs pantelantes. Certains sont prostrés, le visage bouffi, agités de spasmes, d'autres rampent dans les coursives, à la recherche d'un angle mort, d'une galerie technique, d'une anfractuosité où introduire leur tête déformée par l’œdème sonique comme par l'assaut d'un essaim d'abeilles. 21h, c'est fini, won't get fooled again. Seuls quelques rares spectateurs sont restés debout, stoïques, les oreilles et le nez en sang, la face couperosée par le champ magnétique énorme qui règne à l'intérieur. Enfin, les portes sont déverrouillées et le flot des prisonniers se déverse sur le parvis comme la marée du chalut sur le pont du bateau. Une banderole balafre le fronton de la halle : R.A.D = Rock Art Dégénéré. L'air frais me fait du bien. Je cherche Gérard du regard. Il est là, derrière moi. Ses lèvres bougent, il me parle, mais je n'entends rien. Ma bouche annonce « je n'entends rien ». Il sourit, amusé. La foule s'éparpille comme un vol de moineaux. Quelques individus gisent épars, inanimés. Ensuite, je ne me rappelle de rien. Le trou de né noir. Ai-je rêvé ? Non, cela a eu lieu. Le journal doit donner suite. Ce sera fait dès jeudi

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