lundi 21 octobre 2013

FRAGMENTS D'UN MANIFESTE CANIN (44)

L'un des principaux bénéfices que l'on tire de la fréquentation des chiens, parlants ou non, est l'observation de l'humilité canine. Dans notre société post-postmoderne occidentale, trois hommes sur quatre - pour ne pas dire quatre sur cinq - savent, peuvent, connaissent. Ils ont une idée sur presque tout, des solutions en réserve pour le reste. Leur père était un hercule du savoir, leur mère un des piliers de la M.M.M.M*. Chez les chiens, c'est l'inverse. Vous en rencontrez une minorité qui la ramène. C'est énorme. Mon père, berger allemand parlant français, ne la ramenait pratiquement jamais. Mais quand je dis jamais, c'est JAMAIS. Je ne sais pas de quoi il était capable, quelles ont été ses plus modestes prouesses, si ce n'est par reconstitution a posteriori de la partie visible de l'iceberg qu'a été sa vie. Longtemps, je lui ai tenu grief de cette grande absence de présence, de cette incapacité à se montrer sous un jour favorable. Autant vous dire qu'à présent, mon esprit a fait volte-face. Quand je regarde vers l'intérieur, je le vois, petit par la taille mais grand par l'ombre portée, introverti au point de gagner en densité. Et je le rencontre de plus en plus souvent au quotidien, en négatif, quand j'entends les discours moralisateurs de tous ces messieurs Jeuhditouh qui nous pompent l'air, si précieux, et si chargé en particules fines.

* Maison Madeleine de Miséricorde Mentale  =  voir article du 2 septembre 2011

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