mardi 3 septembre 2013

décliner avec une régularité et une splendeur égales. Tout au long de mon existence, j'ai connu bien des coïncidences singulières, dont la moindre n'est pas ce fait qu'au moment exact où la rouge et radieuse physionomie de Dindon émettait ses plus vifs rayonnements, à cet instant critique, précisément, commençait cette phrase quotidienne où je considérais que ses capacités de travail se trouvaient sérieusement amoindries pour le reste de la journée. Non qu'il fût absolument oisif ou même réfractaire au travail ; loin de là. La difficulté consistait en ce fait qu'il pouvait déployer une énergie résolument excessive. Il régnait autour de lui une activité étrange, enflammée, tourbillonnante et d'une imprudence écervelée. Il ne prenait aucune précaution pour tremper sa plume dans l'encrier. Tous les pâtés qui maculaient mes documents, il les y laissait après midi. À vrai dire, il ne devenait pas simplement imprudent et tristement disposé à faire des pâtés l'après-midi, mais certains jours, il allait plus loin, et se montrait passablement bruyant. Dans ces moments, son visage s'embrasait d'une ardeur accrue, comme si l'on avait entassé de la houille blanche sur de l'anthracite. Il produisait avec son fauteuil un vacarme insupportable ; renversait sa boite à poudre ; retaillant ses plumes, il les mettait en pièces

houille et anthracite jaunes sur bartleby et melville gris, 2013

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