lundi 18 mars 2013

FRAGMENTS D'UN MANIFESTE CANIN (17)

Bedwho ne rate jamais une occasion d'entamer une conversation. Il n'affectionne rien plus que le débat d'idée, le grand barattage dialectique duquel il pense qu'une des sept filles de la Mère Vérité va sortir, livrée à nos regards avides, un peu plus dévêtue à chaque fois. Je parle là de son espoir. Pour ma part, je sais bien que jamais aucune de ces pimbêches ne se dévoilera et j'ai abandonné depuis longtemps l'idée d'en voir ne serait-ce qu'un bout de mollet ou de creux poplité. L'autre jour, Bed tournait autour du pot. Le pape François, Michel-Ange et la création du monde, la sweet chapelle sixteen, etc. « Indique-moi juste ce qui te jette ainsi dans les bras de Jésus » lui dis-je sans réfléchir. À peine avais-je pris conscience de mon erreur qu'il saisit cette perche si naïvement tendue : « L'amour » lâcha-t-il à brûle-pourpoint. « Arrête avec ça, s'il te plaît » ironisai-je. « L'amour, donc le pardon » « Pardon ? » « Owen, la clé de voûte, le génie du christianisme, c'est le pardon. Aimer, c'est pardonner. Pas de colonne moins ni de colonne plus, un enfant de Jésus ne tient pas de comptabilité. L'amour est le filtre, le pardon est le livre »... « And I feel just like Jesus dog, and I guess that I just don't know... and I guess that I just don't know... » J'avais beau faire le malin avec mon couplet velvetien, il m'avait cueilli. Comme c'est l'une des personnes vivantes qui me connaît le mieux, il vit tout de suite qu'il avait fait mouche avec son pardon et ne poussa pas son avantage,se contentant d'un petit sourire complice. Je me tus, comme d'habitude. Cette fois, j'eus raison.

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