mercredi 13 mars 2013

FRAGMENTS D'UN MANIFESTE CANIN (16)

La question de la cohabitation canino-humaine n'est pas existentielle, mais matérielle. Tout comme certains hommes ont des problèmes avec les humains et pas avec les chiens, certains chiens sont en délicatesse avec les chiens et trouvent du réconfort auprès des humains. Par exemple, je fuis comme la peste les superdogs, mais tire un grand profit de la fréquentation des untermensch. « Et avec les underdogs ? » m'a demandé ironiquement Bedwho en faisant - mal - semblant d'ignorer la réponse à cette question. « Tu le sais bien, Garfunk » lui dis-je en l'appelant par son troisième prénom, ce qui, il le sait, est le signe d'une désolidarisation totale de nos points de vue. « Je sais ce que tu m'as dit vingt fois » poursuivit-il : « Ton père déterminé helmetburger en 1915 et ta mère qui fit mine de ne pas s'en apercevoir lors de leur rencontre en 1946, und so weiter, mais ça ne me dit pas pourquoi tu te couches à la moindre admonestation ». Je me tus, ne voulant pas pas entamer une discussion avec lui, sachant qu'il est très remonté sur tout ce qui touche à la soumission en général et à la paranoïa canine en particulier. À la réflexion, j'eus tort, le plus grand des mutismes étant de parler. Cette phrase me revient parfois en tête. Peut-on extrapoler ? La plus grande révolte consisterait-elle à se coucher ?

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