lundi 14 janvier 2013

Le rock américain dans les années 90, c'est pas la corne d'abondance. Les groupes ne giclent pas des clubs pour recracher les hits sur le vinyle ou sur les CD comme des noyaux de cerise. Michael Jackson est dans les cordes, Springsteen prend du bide, l'étoile de Prince a pâli et le falsetto de George Michael n'opère plus comme lors du concert Free Nelson Mandela à Wembley en 1988 quand il médusa l'assemblée avec son ahurissante version a cappella de Village Ghetto Land. Pour enfoncer le clou, en avril 1994 Kurt Cobain tire sa révérence à Seattle. Un break de trois jours avec une balle dans la tête. Pas de sang sur les murs, juste de l'encre sur une lettre. La West Coast est sous le choc. 700 miles plus au sud, dans la baie de San Francisco, quatre garçons rêvent de remplir le vide laissé par le retrait anticipé de Cobain. Ils sont encore un peu Kurt, mais trois ans plus tard paraît un CD estampillé 3 be, deux lettres et un chiffre pour Third eye blind. Quatorze titres sur deux colonnes, au dos de la pochette à la main sur le visage en tentacule d'Alien. Bon alors, des disques qui émargent à 80 % de réussite, ou à 70 %, faut oublier, on n'est plus dans les années 60 ! Néanmoins, comme disait le pilote qui s'était fait rati- boiser l'appendice nasal en lançant son hélice à la main, cet Aveugle du Troisième Œil a de beaux restes. Un disque de haut vol, d'un noir brillant, doté d'un son qui réaffirme que le rock c'est avant tout un gros boucan illuminé d'arcs électriques, de même que l'homme et la femme ne seraient qu'amas de chairs pantelantes s'ils n'étaient rendus présentables par ce concept génial que sont les os. Ma sélection : en face 1, Losing a whole year, NarcolepsyThanks a lot ; en face 2, Burning man, Good for you, London et God of wine. Mention spéciale à Narcolepsy pour avoir ramassé le gant de velours devant l'entrée du souterrain, à London qui revisite la vieille querelle New York / London (cf. Johnny Thunders vs Johnny Rotten), mais surtout à Burning man* et God of wine, une génération spontanée qui ne doit rien à personne.
Narcolepsy/3eOJQe?src=5

* voir notre article du 8 avril 2012

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