mardi 4 septembre 2012

LA CASSEROLE ROUGE (7)

C'étaient des morilles, un champignon inconnu des Picards. À la question « comment ça se cuisine ? » Francis n'avait opposé qu'un prudent « comme tu le sens ! », tant est si bien qu'un soir de fermeture, Armand avait préparé un plat pour quatre. Étaient de la fête, Monsieur Ravoux et sa nièce Juliette, serveuse en poste à l'auberge, Francis et bien sûr le chef Armand en personne. La recette du jour était une variante de la fameuse omelette aux cèpes, à cette différence près que des légumes avaient été ajoutés, pour atténuer le risque gustatif qu'Armand estimait avoir pris. Carottes, oignons et poivrons émincés donnaient à l'ensemble un aspect des plus appétissants. Le tout accompagné d'une verre de chablis, sauf une eau de seltz pour Mademoiselle Juliette. Ce fut une réussite totale. Les trois Picards furent conquis par le parfum envoûtant du champignon sylvestre, et Francis n'était pas peu fier d'avoir été à l'origine de ce mets initiatique. Monsieur Ravoux offrit sa tournée pour finir la soirée. Armand regardait Juliette débarrasser la table d'un œil teinté de spleen, son Costanza posé sur le coin du billard, lorsque qu'on entendit quelqu'un manœuvrer la serrure de la porte extérieure qui donnait accès directement aux chambres par un long couloir. Une silhouette anima le verre cathédrale de la porte de service. « Qui est-ce ? » questionna Francis qui se levait pour rentrer au château, casquette à la main. « Un artiste qui dévisse du sommet, le soleil du midi a dû lui fêler une tuile faîtière » lança l'aubergiste. Il y a longtemps qu'il est là ? - Non, mais sa chambre ressemble déjà au marché aux puces - Comment s'appelle-t-il ? - VincentBonne nuit Monsieur Ravoux, salut Armand, merci pour le repas !

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