dimanche 4 décembre 2011

L’ÉVANGILE SELON SAINT PAUL (1)

Faut-il que la foi du fidèle soit grande pour que celui-ci accepte de quitter son labeur dès 16h pour rallier le lieu de culte ? Oui, elle est grande, et non, ce n'est pas douloureux, puisque c'est un esclavage volontaire. À 17h sur le parvis de Bercy, la file d'attente s'étire comme un immense serpent, en suivant les méandres du jardin public qui jouxte le Palais Omnisports, à l'emplacement qu’occupaient les marchands de vin jusqu'au milieu des années 70. Uns parmi la foule, mais pas seuls, nous sommes les écailles du serpent. Nous, multitude accablante, amas de cellules familiales, membres du même peuple, mais pas de la même tribu, sommes prêts. Je suis avec mon fils et deux de ses amis. Nous battons ainsi la semelle pendant plus de deux heures, patientant dans la fraîcheur d'un novembre à l'agonie. À 19h30, nous pénétrons enfin dans le rouge et le noir. Si les marchands de vin ont régné à Bercy pendant des décennies, aujourd'hui ce sont les marchands du temple. Ici on vend un peu de tout, des sandwichs et du rêve, des posters et des T-shirts. Un scrapbook scénarisé tourne en boucle sur les deux écrans géants situés de chaque coté de la scène. Photos sépia, photos maton, affiches et badges des Fab Four, images figées dans la gélatine du souvenir. Dans la fosse, le public est en manque, il a des envies de soirée privée. Le piment rouge des gradins et le poivre noir des décors ont attisé sa soif de célébrité. Coté célébrité, ça tombe bien, un quart des Beatles est attendu sur scène. À moins que Ringo ne déboule à l'improviste, auquel cas on en aurait la moitié. Mais 25 % de l'infini reste l'infini. Coté soirée privée, c'est raté ; 17.000 partisans sont là, lapins de garenne pris dans les phares de la beatlemania. So what ??...

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