jeudi 20 octobre 2011

En mai 2010 est commercialisé un double CD des Rolling Stones, "Exile on Main Street".
Un petit autocollant jaune fluo attire le chaland en annonçant la couleur : 10 titres inédits, plus un livret de 12 pages.
Première remarque : pourquoi le boss de Polydor France n'a t-il pas attendu 2012 et le 40ème anniversaire de la sortie de l'album pour livrer cet objet à la gourmandise des fans ? Sans doute à cause de perspectives de vente incertaines au point de vouloir ramasser aujourd'hui la monnaie que l'on est pas sûr de ramasser demain.
Deuxième remarque : laissons délibérément de coté le disque contenant les 18 titres de l'album original, cela n'a aucun intérêt. Je veux dire : c'est le top du top du rock seventies, tout le monde en convient maintenant. Ceux qui prétendent le contraire sont des pisse-froid. Nul besoin de revenir là-dessus.
Troisième remarque : sur les dix petits nouveaux, seuls six peuvent être qualifiés d'inédits. Autant dire que la découverte du CD recelant cette tranche musicale vierge de tout appétit et de toute consommation pendant 38 ans s'annonce hasardeuse.

1) Pass the wine (4:54) : un démarquage malhabile de rocks off, situé en tête de gondole comme ce dernier, un talking blues tiré au forceps qui n'aurait pas dû quitter sa matrice
2) Plundered my soul (3:59) : à mon sens, la meilleure chanson du lot, en tout cas la seule qui ne sente pas le réchauffé et qui aurait sa place dans l'opus d'origine
4) I'm not signifying (4:54) : un blues lent qui ne manque pas de sel, mais de cuisson  
3) Following the river (4:52) : ballade indigeste aux vocaux maniérés, revers de la médaille let it loose, sous-produit d'un projet abouti par la suite avec winter sur "Goat's head soup" ou till the next goodbye sur "It's only rock 'n roll"
5) Dancing in the light (4:21) : un texte niais sur une mélodie inepte
6) So divine (4:31) : le riff lancinant n'est pas la moindre qualité de ce titre caméléon, déjà présent sur de nombreux bootlegs dans les années 70
7) Loving cup (5:25) : une offense faite aux aficionados du groupe ; autoriser la sortie d'une version "alternative" de cette chanson magnifique, jouée pour la première fois sur scène lors du concert à Hyde Park le 5 juillet 1969, relève de la faute de goût, ou pire, de l'inconscience. Toutes proportions gardées, l'écoute de ce mix approximatif évoque la gestation de sympathy for the devil dévoilée par J.L.Godard dans ONE+ONE en 1968. Sauf que le film avait une certaine cohérence. Ici, ça relève de l'acte gratuit
8) Soul survivor (3:58) : même remarque ; pourquoi donc exhiber ce pâle brouillon quand le produit fini atteint les sommets que l'on connaît ? Ça n'a pas de sens
9) Good time women (3:21) : encore un brouillon, de tumbling dice cette fois ; à oublier
0) Title 5 (1:47) : un instru-intrus, une impro-appro... le comble de l'indignité, no comment

Bilan de ces 10 PUT's (Previously Unreleased Tracks) : 8 à la poubelle et 2 à remonter à la case départ. Et comme elle aurait eu de la gueule cette réédition d'Exile on Main Street en 2010 avec Plundered my soul niché entre TORN AND FRAYED et SWEET BLACK ANGEL, avec So divine glissé entre STOP BREAKING DOWN et SHINE A LIGHT... 20 titres au lieu de 18, le compte aurait été bon encore meilleur !

1 commentaire:

  1. TOUT amateur de Keef est sensément d'accord: poubelle! Direct. Autant r/acheter la version originale- 1972- en pressage américain ; le prix doit être inférieur.
    La question qu'on peut-doit!- poser D. Goldmann, celui qui préfère les Stones à "Taï Fong" ; c’est: pourquoi avoir racheté un double album (en vinyle) qui n'avait pas besoin d'être retouché, si ce n'est pour le cave dont la vocation est de râler après l’énième « star fucking »

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