jeudi 17 juin 2021

Au bord du sentier, entre la mer et les rochers, il était là, posé verticalement mais sans ostentation, du fait de sa petite taille. Il n'avait l'air de rien, si ce n'est d'un petit morceau du Réel, à son corps défendant. À le voir, on aurait dit qu'il déplorait son statut de petit minéral détaché du Grand Tout, et je l'ai compris. On est sur la même longueur d'ondes me suis-je dit, lui 90 grammes de calcaire ocre brique orange, et moi 70 kilogrammes de protéines animales blafardes. Il m'a plu tout de suite. Je l'ai ramassé et glissé dans ma poche. Un peu plus loin sur le chemin, je l'ai pris dans ma main pour l'observer. J'ai pensé immédiatement à Wilson, le compagnon de Tom Hanks dans Seul au monde (Cast away, le film de Robert Zemeckis). Alors je l'ai baptisé Winston, le deuxième prénom de John. Quelquefois, je le dépose dans le petit thalweg formé par le sternum au niveau du plexus solaire. Winston, pierre de cœur.

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