samedi 15 décembre 2018

Hamburg, années 50. Un grand bâtiment avec une cour intérieure, non loin du port. Une espèce de Fort Boyard en pleine ville, imposant, tellement massif qu'il a résisté aux bombardements alliés de la dernière guerre. La pierre est sombre mais le soleil pénètre dans une chambre ouverte sur cette cour qui ressemble à un énorme puits. À l'intérieur, des adolescents font une bataille de draps et de couvertures. Deux lits à une place occupent une grande partie de la pièce. Paul est debout sur l'un des lits et essaie de nouer un drap dans lequel se tortille un fantôme agité de soubresauts. Sans doute Ringo. Ou Pete Best ? En tout cas pas George car c'est bien sa voix que je reconnais, claire et juvénile, sortant de sous l'autre lit. Une mélodie qui m'est familière mais que je peine à reconnaître. C'est le refrain de I need you. Même en me penchant, je ne vois personne, ni sous le lit, ni derrière. De John, rien, sauf peut-être une veste de treillis US et une casquette kaki qui traînent dans un coin de la pièce. Est-ce que ça lui appartient ? Rien n'est moins sûr. La voix s'est tue. Pas un bruit dans la pièce, ni ailleurs. Paul est habillé. Avec son petit costume et sa coupe de cheveux garçonnet, on dirait un enfant de cœur. Mais pour célébrer quel office? Il n'y a ni prêtre, ni liturgie. Juste un silence de cathédrale.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire