samedi 2 juin 2018

DESTINATION FAB (1)

Quand les Fab Four décidèrent en août 1966 que le concert du Candlestick Park de San Francisco serait leur dernier, je n'en ai rien pensé, puisque comme 100% des fans, je ne l'ai pas su. Et quand ils se séparèrent trois ans plus tard, même punition. On nous a tout caché, on nous a rien dit. C'est au printemps 70 qu'on a pris acte du divorce, de la fin de cette long and winding road. Comme pour le grand Charles, on s'est vite résignés, en se faisant à l'idée qu'ils avaient fait leur temps. Et l'époque ne nous a pas démenti. Les années 70 furent assez riches pour nous les faire oublier. La mort de John en 1980, et en particulier ses circonstances, changea la donne. Car ce n'était pas un has-been qu'on perdait là, pas un Elvis bouffi en costume à paillettes. C'était un leader, un frère de cœur, un témoin de notre temps. Je me souviens avoir remis sur le doux plateau caoutchouté de ma platine les pommes vertes, les pommes blanches de The Beatles. Ces nouvelles gorgées de cidre étaient d'autant plus savoureuses que l'on pouvait laisser traîner les verres sur sa pochette glacée, brillante, inaltérable. Je me désaltérai à cette fontaine de jouvence. Ce disque dérobé aux Nouvelles Galeries, anciennement Bumsel, qui m'avait enivré en 1968, me dessoûlait. Et la réalité n'était pas vilaine. Elle était blanche et lisse.

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