mercredi 22 novembre 2017

Sacha est mort le jour de son enterrement. On était en train de prononcer les oraisons funèbres, quand soudain son expression s'est figée. Son visage s'est mis à gonfler comme une baudruche et la mort l'a saisi dans son cercueil. On n'a pas eu à lui fermer les yeux. Sous son front bombé comme un pis de vache, sa face boursoufflée ne laissait apparaître que deux anus symétriques par rapport au maigre relief nasal. Le maître de cérémonie a constaté que Sacha avait rendu son âme à la consigne, juste au moment où l'officier des rites ironisait sur la fatuité de l'homme vivant, "qui pète plus haut que son QI" selon son expression. Coïncidence ou pas, le décès était indubitable. On a donc refermé le grand carton dans lequel le mort reposait. Par chance, celui-ci (le carton, pas le mort) était un peu surdimensionné, ce qui fait que le corps gonflé ne dépassait pas du bord supérieur et ne déformait pas les parois. Le MC a scellé les rabats avec un adhésif noir et a demandé aux auxiliaires de messe de transporter le défunt dans le presbytère, afin de terminer l'office pour les fidèles qui le souhaitaient. Néanmoins, dans l'assemblée certains étaient choqués. Les contes pour enfants sont pleins de scènes du même genre que celle à laquelle ils venaient d'assister, quant à la vivre en vrai, c'est une autre pierre de paupière.

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