mercredi 15 mars 2017

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (21)

Lettre à Théo  (24 juillet 1890)

Mon cher frère,
Merci de ta lettre d'aujourd'hui et du billet de 50 francs qu'elle contenait.
Je voudrais peut-être t'écrire sur bien des choses, mais d'abord l'envie m'en a tellement passé, puis j'en sens l'inutilité. J'espère que tu auras retrouvé ces messieurs dans de bonnes dispositions à ton égard.
En ce qui me regarde, je m'applique sur mes toiles avec toute mon attention, je cherche à faire aussi bien que certains peintres que j'ai beaucoup aimés et admirés.
Ce qu'il me semble en revenant, c'est que les peintres eux-mêmes sont de plus en plus aux abois. Bon... mais le moment de chercher à leur faire comprendre l'utilité d'une union n'est-il pas un peu passé déjà ? D'autre part une union, se formerait-elle, sombrerait si le reste doit sombrer.
Alors tu me dirais peut-être que des marchands s'uniraient pour les impressionnistes, ce serait bien passager. Enfin il me semble que l'initiative personnelle demeure inefficace et expérience faite, la recommencerait-on ?
J'ai constaté avec plaisir que le Gauguin de Bretagne, que j'ai vu, était très beau et il me semble que les autres, qu'il a faits là-bas, doivent l'être aussi. (...)
À bientôt, porte-toi bien et bonne chance dans les affaires, etc., bien le bonjour à Jo et poignées de main en pensée.
                                                                                                                    t. à t.
                                                                                                                Vincent.

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