vendredi 17 mars 2017

C'est bête à dire, mais une des choses que faisait mon père et qui retenait mon attention était sa signature. Une pirouette du pouce et de l'index, avec de l'amplitude, et de la gueule. Elle faisait feu des 4 fuseaux, la tête pointue du R au Nord, une jambe au Sud, la boucle du P à l'Ouest et ce E imaginaire en forme de N, s’abaissant en direction de l'Est. La cerise sur cette griffe était le point du I, en réalité une sorte d'accent qui battait de l'aile comme un corbeau en vadrouille. D'une circonstance à l'autre, elle faisait preuve d'une étonnante assurance, de la part d'un homme qui n'en avait pas une grande provision. Ce qui m'a intrigué en retrouvant cette signature sur des documents datant des années 40, c'est qu'elle avait très peu changé dans le temps. Ce qui n'est pas le cas de la mienne. Dans les années 70 elle est mal fagotée, en 1980 sans consistance. Ce n'est que vers 1995 qu'elle prend sa forme actuelle, avec ses deux boucles, de plus en plus ventrues, de plus en plus rondes. Aujourd'hui, j'ai l'impression que je signe comme mon père. Le C a remplacé le R, le E est subliminal, mais le geste est ressemblant. Quant au I, son point est de plus en plus gros, de plus en plus , si l'on peut dire ça d'un point, parfois rageur au point de trouer le papier. Oui mais avec l'index sur le smartphone du facteur, ça va pas.

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