mercredi 9 novembre 2016

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (10-fin)

Lettre à Théo et Jo  (10 juin 1890)

Chers frère et sœur,
C'est drôle tout de même que le cauchemar ait cessé ici à tel point, je l'ai toujours dit à M.Peyron que le retour dans le Nord m'en débarrasserait, mais drôle aussi que sous la direction de celui-là, qui pourtant est très capable et me voulait décidément du bien, cela avait plutôt aggravé.
De mon côté aussi cela me fait de la peine de remuer tout cela en écrivant aux gens.
Je trouvais que le petit a bonne mine et vous autres aussi ; il faudra vite revenir.
De messager, il n'y en a pas d'ici directement à Paris, mais il y en a de Pontoise. Or de Pontoise à ici il y en a tous les jours. Veuille donc prier le père Tanguy de se mettre incontinent à l’œuvre pour déclouer toutes les toiles qui sont sur châssis là-haut dans la mansarde. Il fera des rouleaux des toiles, des paquets des châssis.
Alors ou bien j'enverrai le messager de Pontoise, ou bien je viendrai dans une quinzaine une fois avec M.Gachet en prendre une partie. J'en ai vu chez toi aussi dans le tas qui est sous le lit, beaucoup que je peux retoucher, je crois, à leur avantage. Je regrette bien ne pas voir l'exposition Raffaëlli ; surtout je voudrais aussi voir ton arrangement de ces dessins sur de la cretonne, comme tu disais. Un jour ou un autre je crois que je trouverai moyen de faire une exposition à moi dans un café, je ne détesterais pas d'exposer avec Chéret, qui doit avoir des idées là-dessus certainement. À bientôt, je vous serre bien la main, vous souhaitant prospérité surtout avec le petit,

                                                                                                                       t. à t.
                                                                                                                   Vincent.

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