mercredi 19 octobre 2016

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (9)

Lettre à M. et Mme Ginoux  (10 juin 1890)

Mes chers amis Ginoux,
De suite je veux répondre à la lettre de Mme Ginoux pour dire que j'ai été bien content d'avoir de vos nouvelles ; je regrette bien que M. Ginoux se soit blessé et ait tant souffert. Je vous en prie, faites faire l'emballage de mes affaires par quelqu'un pour que lui ne s'éreinte pas avec ; je vous rembourserai volontiers de tous les frais que vous pourrez avoir, mais que lui ne se fatigue pas trop de peur que sa blessure ne s'ouvre. Mais ainsi j'y compte que vous expédierez samedi, car j'attends après. Oui, moi aussi j'ai bien regretté de ne pas pouvoir revenir à Arles pour prendre congé de vous tous, car vous savez bien que je m'étais attaché à gens et choses de chez vous d'une amitié sincère. Mais dans les derniers temps j'attrapais davantage la maladie des autres que guérir la mienne. La société des autres malades m'influençait mal et enfin je n'y comprenais plus rien. Alors j'ai senti qu'il valait mieux essayer un changement et d'ailleurs le plaisir de revoir mon frère, sa famille et les amis peintres jusqu'à aujourd'hui m'a fait du bien et je me sens absolument calme et en état normal. Le médecin d'ici dit qu'il faut se jeter dans le travail en plein et ainsi me distraire. Celui-là se connaît bien en peinture et aime beaucoup la mienne, il m'encourage fort et deux, trois fois par semaine, il vient passer quelques heures avec moi pour voir ce que je fais.
( à suivre )

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