mercredi 14 septembre 2016

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (7)

Lettre à sa mère  (4 juin 1890)

Chère mère,
Grand merci pour votre dernière lettre, à laquelle je n'avais pas encore répondu. Wil m'a dit que vous étiez allée à Nuenen, ce que je comprends si bien, et il me tarde que vous me donniez des nouvelles de là-bas, des vieux amis que vous avez visités.
Ici, le temps passe vite, même si les jours sont longs parfois. (J'ai été heureux d'apprendre que Wil était allée travailler à l'hôpital Wallon.) À dire vrai, je n'avais pas prévu de revenir si vite à Paris, je serais resté encore un an si, lors de mon dernier séjour je n'avais pas été si mal, si je n'avais pas pensé, comme j'en suis à peu près certain, que les autres malades ne me valaient rien. Voilà pourquoi je me suis dit que le moment était venu de changer d'entourage, si je voulais garder un peu de ma force de travail et ce qu'il me restait de raison. C'est ce que j'ai écrit aujourd'hui même au docteur Peyron, j'avais eu une discussion avec lui à ce sujet, mais nous nous sommes quittés en bons termes, il a même demandé de mes nouvelles à Théo. Je l'estime beaucoup et lui, de son côté, m'accordait une certaine préférence sur ses autres patients. D'ailleurs, si je voulais y retourner, j'y serais reçu comme chez un ami. (...)
Le docteur d'ici m'a montré beaucoup de sympathie, je peux aller et venir à mon gré, c'est un médecin très averti de ce qui se fait en peinture actuellement. Lui-même est très nerveux, il est probable surtout que son état ne s'est pas amélioré depuis la mort de sa femme. Il a deux enfants, une fille de dix-neuf ans et un garçon de seize. Il me dit que le travail est encore ce qu'il y a de mieux dans mon cas pour guérir définitivement.
( à suivre )

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