mercredi 21 septembre 2016

JOURS INTRANQUILLES À AUVERS (7-fin)

Lettre à sa mère  (4 juin 1890)

Chère mère,
Pendant les quinze derniers jours, mettons les trois dernières semaines, que j'ai passés à Saint-Rémy, je travaillais de l'aube jusqu'au soir, sans m'arrêter. Après les quelques jours passés à Paris, aussitôt arrivé ici je me suis remis au travail.
Théo m'attendait à la gare, et je lui ai d'abord trouvé plus mauvaise mine qu'à mon départ. Mais ensuite, en bavardant avec lui, en le voyant vaquer à ses occupations, il m'a semblé incontestable - même s'il toussait - que son état n'avait pas empiré. Et donc, si son état est stabilisé, j'ose croire que cela constitue déjà un progrès. L'année prochaine, il aura repris le dessus. C'est une question de patience, étant données sa constitution et ses conditions de vie. Il m'a donné quelques détails concernant Cor. Quand vous lui écrirez, faites-lui mes bien cordiales amitiés, dites-lui que je suis revenu. Je lui écrirais bien, mais il y a tant de différence entre son activité et la mienne.
Les vacances de Théo approchent et vous le retrouverez donc dans pas trop longtemps. Ils ont prévu de venir passer quelques jours ici, car nous nous sommes vus trop peu, et trop vite.
La vie, malheureusement, est bien chère ici au village, mais Gachet, le docteur, me dit que c'est la même chose partout dans la région, et lui-même en souffre beaucoup, ce ne sont plus les prix d'autrefois. Pour l'instant, il faut encore que je reste à proximité d'un docteur que je connais, et tenir bon. Lui, au moins, je pourrai le payer en tableaux, ce qui serait impossible avec un autre, au cas où j'aurais besoin de son aide. 
Il est temps de vous dire au revoir, car je dois sortir. J'espère que cette lettre vous trouvera, Wil et vous-même, en bonne santé, et je vous embrasse en pensée.

                                                                                                               Votre affect.
                                                                                                                    Vincent

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